Théâtre : « Autopsie mondiale » d’une société égarée dans l’univers des idoles
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Théâtre : « Autopsie mondiale » d’une société égarée dans l’univers des idoles
Clément Poirée met en scène avec énergie et imagination le texte déjanté d’Emmanuelle Bayamack-Tam. Ils convoquent Michael Jackson et Britney Spears à l’ombre d’une crise d’angoisse planétaire.
D’abord, tout va mal. Ensuite, ça ne va pas mieux. Dans un espace indéfini, un étrange bonhomme, musicien et chanteur (Sylvain Dufour), repasse d’épaisses chaussettes blanches, dialogue avec le fer à repasser, et c’est franchement drôle. Puis, brutalement, une lumière agressive vise un instant la salle. Un des personnages avachis dans l’ombre se lève alors, titube, grogne et gesticule, c’est Michael Jackson (remarquable Pierre Lefebvre-Adrien en pseudo-sosie). À côté de lui, sortie des brumes elle aussi, voilà Britney Spears (Mathilde Auneveux, perdue comme il se doit). Cette Autopsie mondiale convoque ainsi quelques-unes des idoles qui ont charmé et déplacé des foules.
L’autrice, Emmanuelle Bayamack-Tam, utilise ces deux personnages, essentiels dans son histoire, pour regarder vers un horizon plus lointain, car, dit-elle, « la crise d’angoisse est mondiale et la culpabilité est collective ». Sur la scène, le personnage de Michael est plus mort que vif, même s’il veut rester de ce côté du miroir. Avec lui sont évoquées des questions toujours actuelles comme le genre, le racisme, la préférence sexuelle, « la frénésie du divertissement », le réchauffement climatique, les drogues, etc.
Un fan (remarquable François Chary) tente d’effacer les taches indélébiles qui ont marqué en négatif ces idoles. Ainsi Jackson est-il désigné du doigt comme un insupportable pédophile, « un prédateur sexuel », précise l’autrice. Ce que martèle aussi l’Opinion mondiale (Louise Coldefy, vitupérante à souhait). Pendant que la musicienne Stéphanie Gibert tient les consoles et la guitare électrique.
Une mise en scène qui fait de cette improbable rencontre dans les limbes, des moments savoureux et totalement déjantés
Quatorze ans après la mort du leader de l’industrie du spectacle, les deux vedettes se retrouvent et entonnent The way you make me feel, qu’ils avaient chanté en duo lors du gala des trente ans de carrière de Jackson, un certain 10 septembre 2001. Évidemment, l’actualité du lendemain leur faucha la vedette.
Clément Poirée, comme à son habitude, a su déployer des moyens efficaces de mise en scène qui font de cette improbable rencontre dans les limbes, à moins que ce ne soit dans l’imaginaire collectif, des moments savoureux et totalement déjantés. Même si deux heures et cinq minutes, c’est peut-être un peu trop, avec en prime un inattendu dance floor final.
Il n’empêche que cette Autopsie mondiale a suffisamment de mordant pour que l’on se laisse porter par ce courant continu. Sans oublier ni l’inexcusable, ni que les Opinions publiques sont a écouter avec précaution. La parole du fan est indéniablement caricaturale, mais, avec ses accents de vérité intime, n’est-elle pas justement celle des sans-voix sans pouvoir, sans fric non plus, qui se réfugient, faute de mieux, dans l’ombre de ceux qu’ils admirent, qui les font rêver, rire et danser et parfois les déçoivent pour toujours.
Jusqu’au 22 octobre, théâtre La Tempête, Cartoucherie de Vincennes, Paris 12e. Téléphone : 01 43 28 36 36 ; www.la-tempete.fr
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