[Livre] Michael Jackson’s Dangerous
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[Livre] Michael Jackson’s Dangerous
Le 25 Septembre 2014, les éditions Bloomsbury Academic publieront dans leur collection “33 1/3″ un livre en anglais de 168 pages intitulé « Michael Jackson’s Dangerous » écrit par Susan Fast.
Susan Fast est professeur au Département anglais d'études culturelles à l'Université McMaster Hamilton, au Canada. Ses intérêts et ses recherches portent sur les représentations du genre, la sexualité, la race et l'origine ethnique, les constructions de soi et de l'autre, la performance et la performativité, la violence géopolitique et les conflits dans la musique populaire contemporaine. Elle est l'auteure de Of In the Houses of the Holy: Led Zeppelin and the Power of Rock Music.
En adéquation avec ses intérêts académiques de la musique populaire et de la performance, Fast a choisi d'écrire dans la collection 33 1/3, sur l’album de Michael Jackson « Dangerous ». Lisez la suite via la traduction de l'interview présente sur 333sound.com pour découvrir pourquoi elle s’est intéressée à « Dangerous » parmi les albums les plus populaires de MJ, ce qu'elle pense est absent dans les études de l'œuvre de Michael Jackson à ce jour.
Qu'est-ce qui vous a attirée en particulier pour écrire sur cet album ?
Susan Fast : J'avais envie d'écrire sur cet album depuis des années et chaque fois que je pensais à ce sujet, je l'imaginais dans un livre faisant partie de la série 33 1 / 3.
C'est le moyen idéal pour ce projet. Dangerous me semble être l’album charnière dans la carrière de Michael Jackson, je sais que la plupart pensent à Thriller pour son apogée musicale (certains même diront que c’est Off the Wall) Bad a été le premier album pour lequel il a fait une tournée en tant qu'artiste solo, donc c'est certainement une étape importante, mais certains estiment que « Bad » n'était pas aussi bon que l’album Thriller. Je pense que la plupart estiment aussi, que quand « Dangerous » est sorti, le meilleur travail de Jackson était derrière lui, mais je suis en désaccord avec cela. Ce qui rend « Dangerous » si fascinant pour moi, c'est que Jackson, sur cet album, à atteint l'âge adulte. Il traite de sujets de poids, y compris l'amour et la luxure; il nous donne une vision plus sombre, moins enfantine et optimiste du monde et il semble souvent être à un point de rupture émotionnelle. Il le fait avec moins de théâtralité, ce qui ne veut pas dire moins de prouesses musicales en comparaison avec ses enregistrements précédents.
Dans un examen du dossier de Jon Dolan, ou il a fait une comparaison avec Nevermind de Nirvana. Dolan a écrit, « la peur, la tristesse de Jackson et la sensibilité de l’enfant blessé, le sens du bien et du mal, ont plus en commun avec Kurt Cobain, pour celui qui prend le temps de le remarquer ». Bien que nous fassions des déclarations ambitieuses sur cet album, avec tout le respect pour les fans de rock (et je me compte parmi vous) -J'ai longtemps caressé l'idée que l’album « Dangerous » de Michael Jackson, comme l’Achtung Baby (album de U2), a à bien des égards, une amorce similaire. Ce ne sont pas seulement des paroles qui ont fait aller Jackson dans cette voie, mais de nouvelles façons d'utiliser sa voix, l'adhésion à de nouveaux styles musicaux, y compris le hip hop, et une allégeance plus prononcée du son de la musique noire, passée et présente, comme ce fut le cas avec ses œuvres antérieures. Je comprends « Dangerous » comme un album concept à travers lequel Jackson explore les idées de la postmodernité, l'amour, la sexualité, la spiritualité et l'avenir. Avoir la possibilité d'explorer cet album sous-estimé par une longue étude est vraiment passionnant.
Qui voulez-vous faire intervenir pendant le processus d'écriture ? Et Pourquoi ?
Susan Fast : Mon objectif est d'offrir une compréhension attentive de l'album, de proposer une manière de l'écouter qui se connecte à l'image publique de Jackson et au moment culturel dans lequel l'album a été crée. Depuis, il y a eu très peu d'analyse critique de l'œuvre de Jackson, je veux vraiment faire cette mise au point (dans la façon dont Carl Wilson a fait une analyse culturelle sur Céline Dion, dans son livre 33 1/3 Céline Dion, qui est mon livre préféré dans la série). Mais, inévitablement quand j'écris, il arrive un moment où je bute sur une question pour laquelle seul l'un des musiciens, ou toute autre personne qui a participé au processus de création peut répondre. C’est ce qui s'est passé l'année dernière quand j'ai écrit un article sur Jackson pour un numéro spécial de la revue Popular Music and Society : Une partie de l’étude portait sur sa guitariste Jennifer Batten, et j'ai fini par créer des liens avec elle afin d’obtenir de vrais renseignements, y compris si c'était MJ qui concevait ses costumes fous (la réponse est oui, il l'a fait). Alors cela va se produire ici. Joe Vogel a Interrogé un grand nombre de personnes qui ont travaillé en étroite collaboration avec Jackson pour écrire son livre «Man in the Music » et l’ingénieur de longue date de Jackson, Bruce Swedien, a publié un livre il y a quelques années qui comprend un grand nombre d'informations techniques intéressantes sur les sessions d'enregistrement, de sorte que ces bases sont déjà connues.
Vous décrivez pour nous le processus d’élaboration et la finalisation de votre livre pour 33 1/3. Est-ce que quelque chose vous a surprise ? Avez-vous commencé avec une pensée qui vous a amenée à une fin complètement différente ?
Susan Fast : Ce qui est super sur l'écriture et la mise en œuvre de ce projet est qu'il se concentre vraiment sur les idées qui flottaient sans but dans ma tête depuis longtemps. Je n'avais jamais pensé à « Dangerous » comme un album concept avant, mais quand j’ai commencé à écrire, et réfléchir à l'organisation des chapitres, le concept m’est soudainement apparu clairement. Il y avait aussi un commentaire qu’Alan Lumière a écrit dans sa revue Rolling Stone sur l’album qui m’a donné cette possibilité. Il a critiqué l'ordre des chansons de l'album, en commentant qu'il n'aimait pas la façon dont Jackson avait "regroupé" des chansons similaires. Il m'est soudainement apparu que les "clusters" ou groupes de sens, au lieu de leur résister, ou les trouver maladroits, on devait les apprécier. Ces groupes nous fournissent essentiellement un arc de l’histoire captivant. (Si vous lisez le livre, vous saurez ce qu’est à mon avis cet arc.)
Que vous voulez explorer à propos de Michael Jackson qui n'a pas été suffisamment signalé ailleurs dans la critique musicale ou l'écriture académique ?
Susan Fast : Après la mort de Jackson, j'ai fait la recherche d’une littérature sérieuse sur sa musique et j'ai été absolument surprise de constater qu’il y en avait très peu. Tout le monde était tellement concentré sur ce qu'ils percevaient comme sa vie folle (et, très franchement, même pas explorée de manière intéressante) que d'une certaine manière cet incroyable virtuose de la musique, riche et complexe, ses courts métrages et ses concerts capturés sur vidéo ont été négligés (en aparté: Je n'avais même jamais vu le DVD du concert de Bucarest, filmé au cours du Dangerous Tour en 1992. la seule sortie d’un DVD officiel d'une émission en direct au cours de sa vie, est arrivée en 2005, à un moment ou la seule chose dont le monde se souciait était le procès criminel de Jackson). Il est vraiment difficile de comprendre comment l'un des plus grands artistes de tous les temps a pu être aussi un artiste autant rejeté et négligé. Même quand il était à l’apogée de son art, il n'y avait jamais qu’une poignée de bons articles essayant de dire quelque chose d'important à propos de son art. Cela commence à changer lentement. Il y a d’excellents articles qui ont été publiés depuis sa mort, mais en termes d’analyse des chansons et vidéos, ou de recherches pour un album, c'est toujours un terrain quasiment vierge. Le livre de Joe Vogel «Man in the Music » est le premier et la seule analyse de l'œuvre de Jackson. Pensez à combien de livres comme celui là existent pour d'autres artistes importants! Et la réalité est, que le travail de Jackson est si complexe que des interprétations multiples et contradictoires devraient exister, comme c’est le cas pour le travail d'autres artistes qui nous intéressent.
Donc, il y a tellement de choses qui pourraient être écrites, mais dans ce livre, j'ai vraiment envie d'explorer l’image de Michael Jackson à l'âge adulte, l'image qu'il présente de lui-même, la gravité de l'album, comment on peut le lire par rapport aux autres graves déclarations de musique qui ont été publiées. Il s'agit d'un Michael Jackson qui s’est vu refuser systématiquement par les critiques. Beaucoup ne pouvaient pas le voir comme un adulte, ou ils n'ont pas cru en lui comme en un seul, et quand il nous a donné une image de lui-même avec des adultes dangereux, il a été plus ou moins rejeté par la critique. C'est précisément à ce moment, précisément au moment où il embrasse la maturité, que son aberration devient intolérable et que la cécité critique envers sa musique s'installe. Michael excentrique prodige de croisement, fabuleux, habitant l'âge adulte comme le dandy qu'il était, avec ses regards; sa sexualité torride pendant ses performances (que beaucoup de critiques ne pouvaient pas, ou ne voulaient pas voir) son amour pour les enfants et les choses de l’enfance ; son incapacité à s'unir avec un partenaire/technicien; et sa défaillance de musique à consonance noire, ce dernier point était vraiment effrayant pour les médias traditionnels et pour beaucoup au-delà. C'était quelques années après Dangerous qu’est sortie la première allégation d’abus d’enfant : Mon point de vue est que l’album et le titre ont mis en marche les roues de sa chute spectaculaire et de sa grâce dans le mouvement.
Quel a été votre premier concert ?
Susan Fast : ne serait-ce pas merveilleux si je pouvais dire celui de Michael Jackson ? Hélas, je ne l'ai jamais vu en direct. Mon premier concert était celui de Bowie, en 1976, lors de sa tournée Young Americans. J'étais une fanatique de Bowie. Avant l'Internet et vivant en dehors d'un centre urbain, soit j’ai du appeler ou écrire pour commander un billet. Je n'ai aucun souvenir de la façon dont j’ai entendu parler de lui : la radio? Journal? Magazine? Où étaient les dates de concerts annoncées à l'époque? Je l'ai fait sans savoir absolument comment je pourrais faire pour aller à Vancouver voir le concert. Etc….
Comment écoutez-vous votre musique à la maison: vinyle, CD ou MP3? Pourquoi?
Susan Fast: CD ou MP3; Je me suis débarrassée de ma platine depuis plusieurs années. Ainsi, il est plus facile de se livrer à ses habitudes et d'écouter la même chanson encore et encore. Mais ce qui est intéressant, quand Jackson est mort, j’ai sorti ma version vinyle de l’album Thriller, il était placé sur une étagère dans mon bureau à l’université et il s’y trouve encore aujourd'hui. Je ne suis pas un(e) de ces audiophiles qui insistent à dire que le vinyle est meilleur que les enregistrements numériques, mais je m’ennuie cruellement de la richesse de la création artistique des pochettes des albums qui étaient associées aux vinyles. Parmi les autres pertes, la version CD de Thriller omet les petits dessins que Jackson a réalisés pour l’intérieur de la pochette du disque.
Nommez des paroles de l'album sur lequel vous écrivez a) l'album lui-même,b) votre expérience d'entendre l'album pour la première fois,c) votre expérience de l'écriture de l'album, à ce jour.
Susan Fast : Ce ne sont pas les paroles qui m’ont captivée, rarement! Je suis attiré par le son: les mélodies, la qualité de la voix, les changements harmoniques intéressants, le choix des instruments, l’évaluation de la production, ou comment la musique agit en nous par l'expérience des réactions de notre corps. Qu'est-ce qui me stimule dans la musique de Michael Jackson, et bien, c’est la musique elle même. Surtout son intensité, et tandis que le niveau d'intensité est toujours très haut avec Jackson, je dirais qu'il atteint de nouveaux sommets dans « Dangerous ». Cet album est juste tellement et sacrément émotionnel.
J'ai passé toute ma carrière à essayer de comprendre comment écrire de façon productive sur le son musical, d'une manière qui non seulement éclaire la structure musicale ou d'autres détails relatifs à ce sujet, pas dans une langue que seuls quelques spécialistes comprennent, mais d'une manière qui relie le son de la musique aux idées culturelles importantes. Si les significations primaires de la musique viennent à travers les paroles, pourquoi aurions-nous besoin de la musique? Le son musical est un véhicule pour la signification culturelle. Le son porte une signification culturelle. Donc c'est intéressant pour moi que cette image de l'âge adulte que nous recevons de Jackson sur « Dangerous » est liée avec une telle intensité émotionnelle de sa voix (qui souvent, est, sur le point de rupture), dans la tension des rainures, ou dans la démesure franchement baroque de la musique. Une grande partie de cette intensité est associée à la désillusion sur le monde entier, avec le sentiment d’avoir été abandonné ou trahi. Ou en colère. "Black or White", par exemple, n'est pas seulement une chansonnette mignonne sur l'harmonie raciale, quand vous commencez à creuser sous la surface, Le gars est très énervé! Et je suppose que si j'avais à m'engager sur une chose qui encapsule l'album, ce pourrait être la danse à la fin du court-métrage de " Black or White." Je sais que cela s'éloigne de la musique, mais le paysage émotionnel intense de la danse résume en mouvements ce que l'album offre au son.
Source: 333sound.com / MJFrance.
Susan Fast est professeur au Département anglais d'études culturelles à l'Université McMaster Hamilton, au Canada. Ses intérêts et ses recherches portent sur les représentations du genre, la sexualité, la race et l'origine ethnique, les constructions de soi et de l'autre, la performance et la performativité, la violence géopolitique et les conflits dans la musique populaire contemporaine. Elle est l'auteure de Of In the Houses of the Holy: Led Zeppelin and the Power of Rock Music.
En adéquation avec ses intérêts académiques de la musique populaire et de la performance, Fast a choisi d'écrire dans la collection 33 1/3, sur l’album de Michael Jackson « Dangerous ». Lisez la suite via la traduction de l'interview présente sur 333sound.com pour découvrir pourquoi elle s’est intéressée à « Dangerous » parmi les albums les plus populaires de MJ, ce qu'elle pense est absent dans les études de l'œuvre de Michael Jackson à ce jour.
Qu'est-ce qui vous a attirée en particulier pour écrire sur cet album ?
Susan Fast : J'avais envie d'écrire sur cet album depuis des années et chaque fois que je pensais à ce sujet, je l'imaginais dans un livre faisant partie de la série 33 1 / 3.
C'est le moyen idéal pour ce projet. Dangerous me semble être l’album charnière dans la carrière de Michael Jackson, je sais que la plupart pensent à Thriller pour son apogée musicale (certains même diront que c’est Off the Wall) Bad a été le premier album pour lequel il a fait une tournée en tant qu'artiste solo, donc c'est certainement une étape importante, mais certains estiment que « Bad » n'était pas aussi bon que l’album Thriller. Je pense que la plupart estiment aussi, que quand « Dangerous » est sorti, le meilleur travail de Jackson était derrière lui, mais je suis en désaccord avec cela. Ce qui rend « Dangerous » si fascinant pour moi, c'est que Jackson, sur cet album, à atteint l'âge adulte. Il traite de sujets de poids, y compris l'amour et la luxure; il nous donne une vision plus sombre, moins enfantine et optimiste du monde et il semble souvent être à un point de rupture émotionnelle. Il le fait avec moins de théâtralité, ce qui ne veut pas dire moins de prouesses musicales en comparaison avec ses enregistrements précédents.
Dans un examen du dossier de Jon Dolan, ou il a fait une comparaison avec Nevermind de Nirvana. Dolan a écrit, « la peur, la tristesse de Jackson et la sensibilité de l’enfant blessé, le sens du bien et du mal, ont plus en commun avec Kurt Cobain, pour celui qui prend le temps de le remarquer ». Bien que nous fassions des déclarations ambitieuses sur cet album, avec tout le respect pour les fans de rock (et je me compte parmi vous) -J'ai longtemps caressé l'idée que l’album « Dangerous » de Michael Jackson, comme l’Achtung Baby (album de U2), a à bien des égards, une amorce similaire. Ce ne sont pas seulement des paroles qui ont fait aller Jackson dans cette voie, mais de nouvelles façons d'utiliser sa voix, l'adhésion à de nouveaux styles musicaux, y compris le hip hop, et une allégeance plus prononcée du son de la musique noire, passée et présente, comme ce fut le cas avec ses œuvres antérieures. Je comprends « Dangerous » comme un album concept à travers lequel Jackson explore les idées de la postmodernité, l'amour, la sexualité, la spiritualité et l'avenir. Avoir la possibilité d'explorer cet album sous-estimé par une longue étude est vraiment passionnant.
Qui voulez-vous faire intervenir pendant le processus d'écriture ? Et Pourquoi ?
Susan Fast : Mon objectif est d'offrir une compréhension attentive de l'album, de proposer une manière de l'écouter qui se connecte à l'image publique de Jackson et au moment culturel dans lequel l'album a été crée. Depuis, il y a eu très peu d'analyse critique de l'œuvre de Jackson, je veux vraiment faire cette mise au point (dans la façon dont Carl Wilson a fait une analyse culturelle sur Céline Dion, dans son livre 33 1/3 Céline Dion, qui est mon livre préféré dans la série). Mais, inévitablement quand j'écris, il arrive un moment où je bute sur une question pour laquelle seul l'un des musiciens, ou toute autre personne qui a participé au processus de création peut répondre. C’est ce qui s'est passé l'année dernière quand j'ai écrit un article sur Jackson pour un numéro spécial de la revue Popular Music and Society : Une partie de l’étude portait sur sa guitariste Jennifer Batten, et j'ai fini par créer des liens avec elle afin d’obtenir de vrais renseignements, y compris si c'était MJ qui concevait ses costumes fous (la réponse est oui, il l'a fait). Alors cela va se produire ici. Joe Vogel a Interrogé un grand nombre de personnes qui ont travaillé en étroite collaboration avec Jackson pour écrire son livre «Man in the Music » et l’ingénieur de longue date de Jackson, Bruce Swedien, a publié un livre il y a quelques années qui comprend un grand nombre d'informations techniques intéressantes sur les sessions d'enregistrement, de sorte que ces bases sont déjà connues.
Vous décrivez pour nous le processus d’élaboration et la finalisation de votre livre pour 33 1/3. Est-ce que quelque chose vous a surprise ? Avez-vous commencé avec une pensée qui vous a amenée à une fin complètement différente ?
Susan Fast : Ce qui est super sur l'écriture et la mise en œuvre de ce projet est qu'il se concentre vraiment sur les idées qui flottaient sans but dans ma tête depuis longtemps. Je n'avais jamais pensé à « Dangerous » comme un album concept avant, mais quand j’ai commencé à écrire, et réfléchir à l'organisation des chapitres, le concept m’est soudainement apparu clairement. Il y avait aussi un commentaire qu’Alan Lumière a écrit dans sa revue Rolling Stone sur l’album qui m’a donné cette possibilité. Il a critiqué l'ordre des chansons de l'album, en commentant qu'il n'aimait pas la façon dont Jackson avait "regroupé" des chansons similaires. Il m'est soudainement apparu que les "clusters" ou groupes de sens, au lieu de leur résister, ou les trouver maladroits, on devait les apprécier. Ces groupes nous fournissent essentiellement un arc de l’histoire captivant. (Si vous lisez le livre, vous saurez ce qu’est à mon avis cet arc.)
Que vous voulez explorer à propos de Michael Jackson qui n'a pas été suffisamment signalé ailleurs dans la critique musicale ou l'écriture académique ?
Susan Fast : Après la mort de Jackson, j'ai fait la recherche d’une littérature sérieuse sur sa musique et j'ai été absolument surprise de constater qu’il y en avait très peu. Tout le monde était tellement concentré sur ce qu'ils percevaient comme sa vie folle (et, très franchement, même pas explorée de manière intéressante) que d'une certaine manière cet incroyable virtuose de la musique, riche et complexe, ses courts métrages et ses concerts capturés sur vidéo ont été négligés (en aparté: Je n'avais même jamais vu le DVD du concert de Bucarest, filmé au cours du Dangerous Tour en 1992. la seule sortie d’un DVD officiel d'une émission en direct au cours de sa vie, est arrivée en 2005, à un moment ou la seule chose dont le monde se souciait était le procès criminel de Jackson). Il est vraiment difficile de comprendre comment l'un des plus grands artistes de tous les temps a pu être aussi un artiste autant rejeté et négligé. Même quand il était à l’apogée de son art, il n'y avait jamais qu’une poignée de bons articles essayant de dire quelque chose d'important à propos de son art. Cela commence à changer lentement. Il y a d’excellents articles qui ont été publiés depuis sa mort, mais en termes d’analyse des chansons et vidéos, ou de recherches pour un album, c'est toujours un terrain quasiment vierge. Le livre de Joe Vogel «Man in the Music » est le premier et la seule analyse de l'œuvre de Jackson. Pensez à combien de livres comme celui là existent pour d'autres artistes importants! Et la réalité est, que le travail de Jackson est si complexe que des interprétations multiples et contradictoires devraient exister, comme c’est le cas pour le travail d'autres artistes qui nous intéressent.
Donc, il y a tellement de choses qui pourraient être écrites, mais dans ce livre, j'ai vraiment envie d'explorer l’image de Michael Jackson à l'âge adulte, l'image qu'il présente de lui-même, la gravité de l'album, comment on peut le lire par rapport aux autres graves déclarations de musique qui ont été publiées. Il s'agit d'un Michael Jackson qui s’est vu refuser systématiquement par les critiques. Beaucoup ne pouvaient pas le voir comme un adulte, ou ils n'ont pas cru en lui comme en un seul, et quand il nous a donné une image de lui-même avec des adultes dangereux, il a été plus ou moins rejeté par la critique. C'est précisément à ce moment, précisément au moment où il embrasse la maturité, que son aberration devient intolérable et que la cécité critique envers sa musique s'installe. Michael excentrique prodige de croisement, fabuleux, habitant l'âge adulte comme le dandy qu'il était, avec ses regards; sa sexualité torride pendant ses performances (que beaucoup de critiques ne pouvaient pas, ou ne voulaient pas voir) son amour pour les enfants et les choses de l’enfance ; son incapacité à s'unir avec un partenaire/technicien; et sa défaillance de musique à consonance noire, ce dernier point était vraiment effrayant pour les médias traditionnels et pour beaucoup au-delà. C'était quelques années après Dangerous qu’est sortie la première allégation d’abus d’enfant : Mon point de vue est que l’album et le titre ont mis en marche les roues de sa chute spectaculaire et de sa grâce dans le mouvement.
Quel a été votre premier concert ?
Susan Fast : ne serait-ce pas merveilleux si je pouvais dire celui de Michael Jackson ? Hélas, je ne l'ai jamais vu en direct. Mon premier concert était celui de Bowie, en 1976, lors de sa tournée Young Americans. J'étais une fanatique de Bowie. Avant l'Internet et vivant en dehors d'un centre urbain, soit j’ai du appeler ou écrire pour commander un billet. Je n'ai aucun souvenir de la façon dont j’ai entendu parler de lui : la radio? Journal? Magazine? Où étaient les dates de concerts annoncées à l'époque? Je l'ai fait sans savoir absolument comment je pourrais faire pour aller à Vancouver voir le concert. Etc….
Comment écoutez-vous votre musique à la maison: vinyle, CD ou MP3? Pourquoi?
Susan Fast: CD ou MP3; Je me suis débarrassée de ma platine depuis plusieurs années. Ainsi, il est plus facile de se livrer à ses habitudes et d'écouter la même chanson encore et encore. Mais ce qui est intéressant, quand Jackson est mort, j’ai sorti ma version vinyle de l’album Thriller, il était placé sur une étagère dans mon bureau à l’université et il s’y trouve encore aujourd'hui. Je ne suis pas un(e) de ces audiophiles qui insistent à dire que le vinyle est meilleur que les enregistrements numériques, mais je m’ennuie cruellement de la richesse de la création artistique des pochettes des albums qui étaient associées aux vinyles. Parmi les autres pertes, la version CD de Thriller omet les petits dessins que Jackson a réalisés pour l’intérieur de la pochette du disque.
Nommez des paroles de l'album sur lequel vous écrivez a) l'album lui-même,b) votre expérience d'entendre l'album pour la première fois,c) votre expérience de l'écriture de l'album, à ce jour.
Susan Fast : Ce ne sont pas les paroles qui m’ont captivée, rarement! Je suis attiré par le son: les mélodies, la qualité de la voix, les changements harmoniques intéressants, le choix des instruments, l’évaluation de la production, ou comment la musique agit en nous par l'expérience des réactions de notre corps. Qu'est-ce qui me stimule dans la musique de Michael Jackson, et bien, c’est la musique elle même. Surtout son intensité, et tandis que le niveau d'intensité est toujours très haut avec Jackson, je dirais qu'il atteint de nouveaux sommets dans « Dangerous ». Cet album est juste tellement et sacrément émotionnel.
J'ai passé toute ma carrière à essayer de comprendre comment écrire de façon productive sur le son musical, d'une manière qui non seulement éclaire la structure musicale ou d'autres détails relatifs à ce sujet, pas dans une langue que seuls quelques spécialistes comprennent, mais d'une manière qui relie le son de la musique aux idées culturelles importantes. Si les significations primaires de la musique viennent à travers les paroles, pourquoi aurions-nous besoin de la musique? Le son musical est un véhicule pour la signification culturelle. Le son porte une signification culturelle. Donc c'est intéressant pour moi que cette image de l'âge adulte que nous recevons de Jackson sur « Dangerous » est liée avec une telle intensité émotionnelle de sa voix (qui souvent, est, sur le point de rupture), dans la tension des rainures, ou dans la démesure franchement baroque de la musique. Une grande partie de cette intensité est associée à la désillusion sur le monde entier, avec le sentiment d’avoir été abandonné ou trahi. Ou en colère. "Black or White", par exemple, n'est pas seulement une chansonnette mignonne sur l'harmonie raciale, quand vous commencez à creuser sous la surface, Le gars est très énervé! Et je suppose que si j'avais à m'engager sur une chose qui encapsule l'album, ce pourrait être la danse à la fin du court-métrage de " Black or White." Je sais que cela s'éloigne de la musique, mais le paysage émotionnel intense de la danse résume en mouvements ce que l'album offre au son.
Source: 333sound.com / MJFrance.
Eddith- Bloody
- Messages : 6816
Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson".
Isabelle Petitjean vient d'annoncer la prochaine parution de son livre " Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson".
Cet ouvrage va paraitre aux Editions L'Harmattan.
Isabelle Stegner-Petitjean, est doctorante en musicologie à l’université de Paris IV – Paris Sorbonne où elle rédige actuellement une thèse de doctorat intitulée « Les apports artistiques de Michael Jackson : aspects esthétiques, technologiques et culturels ». Cette thèse fait suite à un premier mémoire de Master 2 pour lequel elle a obtenu une mention TB à l’université « Marc Bloch » de Strasbourg et qui portait sur « La personnalité vocale de Michael Jackson : identité, corporalité, syncrétisme ». Professeur certifié bi-admissible, elle enseigne également l’éducation musicale en collège depuis 1997.
"Voilà... Contrat signé et retourné...L'éditeur sera donc L'Harmattan, et le titre « Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson : la culture pop au Panthéon des Beaux-Arts »… Contente d’y avoir crû et honorée qu’il se soit imposé ! La date de sortie sera précisée sous peu, probablement avant l’été. Wait and see…"
Elle a donné un entretien sur "Radio Jerico" il y a quelque temps :
Source: MJFrance
Cet ouvrage va paraitre aux Editions L'Harmattan.
Isabelle Stegner-Petitjean, est doctorante en musicologie à l’université de Paris IV – Paris Sorbonne où elle rédige actuellement une thèse de doctorat intitulée « Les apports artistiques de Michael Jackson : aspects esthétiques, technologiques et culturels ». Cette thèse fait suite à un premier mémoire de Master 2 pour lequel elle a obtenu une mention TB à l’université « Marc Bloch » de Strasbourg et qui portait sur « La personnalité vocale de Michael Jackson : identité, corporalité, syncrétisme ». Professeur certifié bi-admissible, elle enseigne également l’éducation musicale en collège depuis 1997.
"Voilà... Contrat signé et retourné...L'éditeur sera donc L'Harmattan, et le titre « Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson : la culture pop au Panthéon des Beaux-Arts »… Contente d’y avoir crû et honorée qu’il se soit imposé ! La date de sortie sera précisée sous peu, probablement avant l’été. Wait and see…"
Elle a donné un entretien sur "Radio Jerico" il y a quelque temps :
Source: MJFrance
Eddith- Bloody
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Livre: La culture pop au panthéon des Beaux-Arts / Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson...
Suite bis ..........
Isabelle Petitjean, musicienne de formation classique, professeure d'éducation musicale, est une universitaire spécialisée dans le domaine des musiques populaires afro-américaines et particulièrement dans la production de Michael Jackson. Titulaire d'une maîtrise et d'un master de recherche en musicologie, elle prépare actuellement un doctorat sur Michael Jackson à l'université de Paris IV - Paris Sorbonne.
Connue également pour sa participation à la rédaction d'articles pour le magazine MJBackstage bien connu des fans du Roi de la Pop, Isabelle Petitjean sortira le 18 mai prochain aux éditions L'Harmattan un livre intitulé "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts / Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson".
Voici pour vous la couverture de ce livre qu'Isabelle Petitjean a publié sur sa page Facebook
Source MJFrance
Isabelle Petitjean, musicienne de formation classique, professeure d'éducation musicale, est une universitaire spécialisée dans le domaine des musiques populaires afro-américaines et particulièrement dans la production de Michael Jackson. Titulaire d'une maîtrise et d'un master de recherche en musicologie, elle prépare actuellement un doctorat sur Michael Jackson à l'université de Paris IV - Paris Sorbonne.
Connue également pour sa participation à la rédaction d'articles pour le magazine MJBackstage bien connu des fans du Roi de la Pop, Isabelle Petitjean sortira le 18 mai prochain aux éditions L'Harmattan un livre intitulé "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts / Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson".
Voici pour vous la couverture de ce livre qu'Isabelle Petitjean a publié sur sa page Facebook
Source MJFrance
Eddith- Bloody
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Interview d'Isabelle Petitjean ............
Le 7 mai dernier, nous vous présentions le tout nouveau livre d'Isabelle Petitjean intitulé "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts" dont la sortie est annoncée pour le 18 Mai prochain.
Extrêmement curieux du contenu de ce livre de 281 pages que beaucoup de fans de Michael Jackson et de la période Dangerous ne manqueront certainement pas de lire, nous vous proposons aujourd'hui une interview d'Isabelle Petitjean qui vous permettra de découvrir en détails les raisons de l'écriture d'un tel ouvrage.
MJFrance: Bonjour Isabelle. Nous avons lu dans la présentation qui t'est faite au dos de ton livre que tu étais musicienne de formation classique, professeure d'éducation musicale, universitaire spécialisée dans le domaine des musiques populaires afro-américaines et particulièrement dans la production de Michael Jackson mais aussi titulaire d'une maîtrise et d'un master de recherche en musicologie.
Au delà de cette présentation, pourrais-tu te présenter auprès des fans de Michael Jackson et nous expliquer comment est-ce que tu en est venue à te spécialiser pour la musique de notre cher Roi de la Pop et si tu te considères toi aussi comme une fan ?
Isabelle Petitjean : Bonjour François et bonjour à tous !
Oui, bien sûr, avant tout, je suis une fan et je l’ai été bien avant toute autre chose puisque, comme beaucoup, je suis de la génération « Thriller » que mon grand frère m’avait mis entre les mains dès sa sortie lorsque j’avais 10 ans ! J’ai grandi dans le monde de la musique classique et j’ai fréquenté le conservatoire dès l’âge de 6 ans, mais mon cœur a toujours été porté par la musique pop, qui ne s’enseignait pas, à mon grand regret, dans ce milieu, pas plus qu’à l’Université lorsque j’y ai fait mes études durant les années 1990. Lorsque j’avais voulu, après ma maîtrise, initier un DEA dans ce domaine, on m’avait expliqué que ce n’était pas très sérieux, et que ce n’était pas de la « musique ». Aussi, en passant l’agrégation, en 2008, j’avais été subjuguée de me voir proposer un thème d’étude touchant à l’utilisation du bruit dans l’histoire de la musique - thème qui incluait le travail sonore des Beatles et de MJ. Enfin !!!
Je ne pensais pas reprendre d’études, étant professeure et mère d’une famille assez nombreuse et en bas-âge… Et quand Michael est parti, j’ai passé de longs mois de désespoir, à me demander ce que nous allions bien pouvoir faire, vers qui nous allions pouvoir regarder, pour trouver un curseur de référence en termes de qualité… Je pensais que la musique était morte, que plus rien ne serait comme avant. Et puis, à force de ressasser, j’ai décidé de faire quelque chose, à mon échelle.
J’ai toujours été fascinée par le son Jackson, et toujours frustrée qu’on ne parle que d’éléments anecdotiques et souvent polémiques sur lui. Que jamais, on ne creuse son travail. Qu’on se contente de répéter, inlassablement, et même si c’est indiscutable : il a vendu tant et tant de disques… il a remporté tel et tel award, battu tel et tel record… Oui, mais de quelle manière ? Comment a-t-il pensé et « fabriqué » sa musique, pour qu’elle touche autant de gens ? C’est à cette question que je voulais essayer de répondre, musicalement et artistiquement, lorsque j’ai repris le chemin de l’Université.
Au vu du texte "The Voice In The Mirror" que tu as publié en 2011, on s'aperçoit que le vocabulaire choisi dans tes propos est extrêmement technique. Est-ce que le livre "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts" sera accessible à tous ou seulement aux initiés ?
L’article que tu cites était destiné à un jury de musicologues et d’universitaires spécialisés (Il a reçu le 1er prix Jeune Chercheur de l’IASPM [International Association for the Study of Popular Music] en 2010) et publié par une revue dédiée à ce type d’études.
Mon livre vise un public plus large. Ce sont des recherches menées parallèlement à ma thèse et à mes articles, que j’ai rédigées, je l’espère, dans un vocabulaire moins jargonneux, plus agréable et lisible… Ceci étant, il est évident que la problématique de l’œuvre et les univers partagés ici par Mark Ryden et Michael Jackson ne sont pas simples d’abord. Et les œuvres de références auxquelles se rattache Dangerous appartiennent à des époques culturellement complexes. Les choses, en elles-mêmes, ne sont jamais simples à énoncer. Mais c’est aussi ce que je trouve intéressant. C’est ce qu’on retrouve à tous les niveaux de l’œuvre de Michael : des choses en apparence simples et pouvant être prises et comprises par le plus grand nombre, mais qui cachent souvent plusieurs degrés de compréhension, chacun ayant la possibilité, quel que soit son milieu social et culturel, de se l’approprier et d’en tirer un message. Mais je suis sûre que les passionnés, comme moi, chercheront à comprendre, à lever le voile, si nécessaire… Le travail de Mark Ryden est tellement passionnant et la production musicale de Michael, tellement riche et peaufinée...
Un album Dangerous d'un coté et l'auteur d'une pochette de disque de l'autre. Est-ce que ton livre sera consacré 50% à Michael Jackson et 50% à Mark Ryden ou est-ce que les chefs d'œuvre de ces deux artistes se croiseront tout au long de cet ouvrage ?
Je crois que l’on peut parler d’un 50/50… Mais les choses sont moins marquées que cela… Une grande partie traite de la peinture de Mark Ryden et de ses messages. Une autre, de la musique de Michael. D’ailleurs mon titre initial était « portrait croisé d’un tableau sonore et d’une musique visuelle ». Beaucoup d’interactions entre visuel et sonore sont mises en évidence, ces interactions étant, de toutes façons, le nœud central de la conception jacksonienne de l’art : décloisonner les domaines, les genres, les styles… Associer musique et image, image et musique… Tout le monde pensera, bien sûr, aux clips-vidéos. Mais ceux-ci sont la partie la plus visible de l’iceberg car sa musique, en elle-même, et même dépourvue de tout court-métrage, est un véritable théâtre sonore. Une fresque… Michael pense, et Bruce Swedien enregistre, comme on peint un tableau, comme on met en scène une pièce de théâtre, dans un espace sonore tridimensionnel, avec des voix et des instruments en lieux et places de personnages en évolution, chacun avec leur personnalité, avec leur potentiel dramatique et leur fonction dans le tableau. Et c’est ce que je trouve fascinant.
Les lecteurs trouveront également dans mon livre une re-contextualisation plus large, avec, par exemple, un chapitre retraçant l’histoire des pochettes de disque et leur importance visuelle, artistique et commerciale croissante au fil du XXe siècle, ou un autre discutant le statut artistique, remis ici en question par le duo Ryden/Jackson, de ces pochettes, censées être des objets standardisés de consommation massive, et qui se trouvent cependant, dans le cas de Dangerous, inévitablement raccordées aux hautes sphères des Beaux-Arts.
Et puis ils découvriront une œuvre qui aurait dû être en couverture… Un tableau qu’une peintre formidable et fan de Michael a réalisé à la lecture de mon manuscrit et qui constitue sa propre relecture artistique de Dangerous.
Concernant la partie réservée à Michael Jackson, aurons-nous droit à une présentation de l'artiste ou est-ce que le récit ne sera consacré qu'à la période Dangerous ?
Je ne présente pas Michael Jackson. J’ai toujours eu à l’esprit, en écrivant ce livre, que je m’adressais à des fans, ou tout au moins à des personnes ayant eu accès à des éléments biographiques sur lui.
Mon propos consiste à analyser sa musique, d’un point de vue vocal, instrumental, sonore et, éventuellement, à porter un regard sur sa façon de traiter tel ou tel style ou expression musicale en amont ou en aval, dans d’autres opus de sa production.
De l'avis de beaucoup de fans, l'album Dangerous restera à jamais l'album qui contenait une sonorité bien en avance des autres albums du début des années 1990. Comment expliques-tu cet avis général des gens qui ont vécu cette période et est-ce que cela fera partie de ce que tu expliques dans ton livre ?
Je suis pleinement d’accord avec ce ressenti, car moi-même, à l’époque, j’ai eu du mal à le suivre dans cette voie. J’ai toujours été convaincue (peut-être parce que je n’ai jamais été « convertie » à sa musique, mais y ai adhéré instinctivement dès l’enfance, à la première écoute de Thriller ) qu’il était celui qui donnait le « la ». Celui qui faisait le « mieux », le « meilleur », celui qui était visionnaire. Et lorsque j’ai écouté Dangerous pour la première fois, je me suis dit : « Ouïe… ça va être difficile de te suivre… » Je ne parle pas, bien sûr, de titres comme « Heal The World » ou « Will You Be There »… Mais les sonorités New Jack Swing ou encore le rap étaient des mondes très nouveaux auxquels, comme beaucoup, je n’étais pas habituée ni même préparée. C’était, pour moi, l’équivalent des compositeurs d’Avant-Garde dans la musique savante contemporaine. Je n’étais pas prête, mais j’étais convaincue qu’il avait raison, qu’il savait pourquoi il le faisait, et qu’on allait y venir. Il fallait mûrir. J’attendrai d’être « à la hauteur » ou « sur la même longueur d’onde ». Et c’est arrivé.
La carrière de Michael est une trajectoire, une flèche, une fulgurance ascensionnelle. Pas un long fleuve tranquille, linéaire et horizontal où l’on se répète confortablement pour juste « assurer » le coup. C’est le propre de l’artiste créatif de ne pas ressasser, mais de faire avancer les choses. Beethoven n’a-t-il pas dit : « Ils me comprendront bien un jour » ?
La pochette de l'album Dangerous est pour beaucoup de fans une pure merveille ou nombreux d'entre eux ont toujours voulu découvrir chaque message qui se cache derrière chaque détail. Mark Ryden a-t-il été très coopératif dans le dévoilement de ces secrets ou est-ce que l'imagination gardera toujours une place après la lecture de ton livre ?
Mark Ryden a eu accès, dès le début, à mon travail. Il m’a beaucoup encouragée, dès la réception de mes premières pistes et questions, et cela m’a donné envie d’aller au bout. Lui transmettre mon travail était important dans le sens où je voulais qu’il prenne connaissance de mes avancées et qu’il sache qu’il ne s’agissait pas de partir dans des interprétations abusives de son travail. Ces recherches se sont faites dans le respect et il m’a apporté, en effet, des précisions sur les raisons de la présence de certains éléments, sur leur signification, ainsi que sur les étapes qui ont conduit à l’émergence de la composition finale.
Mais, bien sûr, il ne s’agit pas ici d’énoncer une vérité, ni même une analyse définitive. Rien n’est jamais figé, ni définitif, en art ou en musique : ce sont des médiums vivants. Ajoutons à cela les parts effectives de mystère, mais aussi et surtout de LIBERTE de compréhension que Mark et Michael ont attachées à cette œuvre, comme à beaucoup d’éléments de leurs productions respectives. Dangerous s’adresse à la sensibilité et à la capacité de discernement de chacun. C’est une œuvre qui fait naître, en chacun, un écho différent. En cela, c’est une œuvre vivante, aux reflets multiples, aux questionnements intemporels et c’est là une clé de sa pérennité…
Est-ce que tu peux nous dire ici quels sont les personnes de l'entourage de Michael Jackson que tu as pu contacter pour la rédaction de ce livre, combien de temps est-ce que tu as mis pour l'écrire (on parle de 3 années) quel a été ton cheminement et si les fans de Michael découvriront des détails supplémentaires de la conception à la réalisation de l'album Dangerous ?
Il m’a fallu 3-4 ans pour rédiger ce livre. Ce n’est pas une écriture continue. Car, vous l’avez compris, j’écris d’autres choses, je fais des études et je travaille. Mais c’est mieux ainsi. Car il faut un mûrissement. Et il a fallu beaucoup de lectures annexes. Vous verrez d’ailleurs que la bibliographie attachée à ce livre est bien plus dense que la liste des personnes que je remercie… En ce sens, sans doute les fans découvriront des approches tantôt différentes, tantôt parallèles à ce qu’ils peuvent eux-mêmes avoir expérimenté et ressenti face à cette œuvre. Sans doute aussi, ils ne trouveront pas développées certaines autres approches, comme les interprétations que l’on peut qualifier très généralement d’ « initiatiques ». Si celles-ci sont littéralement passionnantes, je me suis attachée, en tant qu’universitaire, à suivre des raisonnements et des fils conducteurs qui me semblaient culturellement plausibles. Il y a beaucoup à dire sur le langage codé jacksonien et la manière dont il a réinvesti une symbolique trans-culturelle très particulière. Mais cela fera l’objet d’un autre ouvrage. Quant aux personnes de son entourage qui m’ont aidée, et qui m’aident en général depuis le début dans mes recherches, je pourrais citer bien sûr Mark Ryden, Bruce Swedien, Bill Bottrell, Matt Forger, ou encore Greg Gorman et Gilbert Williams, pour leurs éclairages sur leur propre travail en termes de pochettes, mais vous trouverez la liste complète à la fin de l’ouvrage.
A la lecture de tes articles présents sur le magazine MJBackstage, on s'aperçoit que tu ne t'arrêtes pas uniquement sur la période Dangerous. Alors pourquoi le choix de cet album en particulier et est-ce que cet ouvrage sera le premier d'une longue série ?
C’est l’intérêt porté à cette pochette et l’actualité toujours percutante de la production musicale qu’elle illustre et complète, qui ont fait que j’ai mis le doigt dans l’engrenage Dangerous d’une manière plus insatiable. Je n’ai eu de cesse de reconstituer ma version du puzzle. Et puis j’ai vu que je n’étais pas la seule, puisque Susan Fast a rédigé outre-atlantique, presqu’en même temps que moi, ses analyses très pointues. Ce qui prouve que c’est une œuvre fascinante, à tous les niveaux, que l’on soit fan, mélomane, musicien, musicologue ou tout ensemble.
Il y aura d’autres ouvrages, c’est clair. Trois éditeurs m’ont déjà pré-commandé des livres sur Michael Jackson. Mais chaque chose en son temps. Même si j’aimerais avoir quatre mains pour tout écrire conjointement tant il me passionne !
Nous savons qu'il n'est pas facile de publier un livre et qu'il arrive parfois de désespérer à trouver un éditeur. Est-ce que cela te fut difficile et est-ce que le nom de Michael Jackson a joué ou non en la faveur d'une telle publication ? Est-ce que ton livre est prévu pour sortir également en anglais ? Qu'est-ce qui te pousse et qu'est-ce qui te donne la foi de vouloir écrire et détailler la musique comme tu le fais ?
Ce qui me pousse, c’est justement la foi. J’ai foi en Michael. Son œuvre est une vie, et sa vie est une œuvre. Son œuvre et sa vie sont des témoignages. Je préfère le terme d’œuvre, à celui, plus scientifique, de « production ». C’est plus qu’un produit commercial. Son œuvre, donc, il l’a mise au monde avec respect. Respect par rapport aux dons qu’il possédait, à la mission dont il se sentait investie, par rapport au public et aux fans qui le soutenaient et pour lesquels il avait un amour inconditionnel. Michael est un être entier, extrêmement complexe, « singulier » pour reprendre un terme que son entourage m’a souvent livré, sans concertation pourtant, pour le décrire. J’ai un amour viscéral pour sa musique et cet amour passionnel est le moteur de tout ce que je fais. Lorsque j’écoute la moindre chanson, 10 000 idées se bousculent, que je voudrais pouvoir écrire et transmettre instantanément. Il m’inspire inlassablement. Il continue de livrer, à chaque écoute, un petit détail, un petit éclairage, qui font que je redécouvre sans cesse ce qu’il a fait. J’ai aimé la musique de Michael dès l’enfance, j’ai toujours aimé écrire, lire, j’ai appris l’anglais en lisant les paroles de la pochette intérieure de Thriller (et j’allais ennuyer mon professeur à la fin de l’heure pour lui demander ce que voulait dire des choses comme « wanna », « gonna », « doggone (!) »), j’ai une culture spirituelle très proche de la sienne, j’ai tout un parcours musical classique qui inclut l’analyse, l’harmonisation, la composition, et j’ai toujours rêvé de faire ce que je fais aujourd’hui, à savoir : tout combiner. C’est merveilleux… Comme disait Confucius, « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez plus à travailler un jour de votre vie ». Les seules choses qui restent difficiles, ce sont la pression universitaire et le fait de devoir mener de front plusieurs activités. Dans un monde idéal, je ne ferais plus que cela : des livres, des articles et des conférences.
En termes d’édition, j’ai tenté le tout pour le tout. En sachant que si cela ne fonctionnait pas auprès des grands éditeurs, j’aurais toujours la solution de l’édition à compte d’auteur. Mais je voulais y croire et j’y croyais. Pourtant, pendant quelques semaines, je n’ai eu que des retours négatifs. Les romans, les biographies, sont plus vendables que les analyses. Et puis des remarques comme : « Cela n’intéressera personne…Madame, les lecteurs amateurs d’arts et de musique n’écoutent pas Michael Jackson, et les fans de Michael Jackson ne comprendront pas ce que vous écrivez… Vous comprenez, il faut des choses qui se vendent, des éléments sur sa vie... »
Je trouvais cela ahurissant, scandaleux ! Et puis c’est arrivé…mon manuscrit a eu gain de cause. Et il y a 2 jours, j’ai reçu l’accord du comité de lecture d’une 4e maison d’édition. Mais c’est trop tard. Et je crois que l’Harmattan convient très bien à ce livre.
C’est vrai que mon ouvrage a été intégralement traduit. Je l’ai fait parvenir à deux maisons d’éditions étrangères et pour l’instant, j’attends. Ce qui n’est pas non plus évident pour eux, c’est qu’il s’agira d’un livre déjà édité en France et non d’une exclusivité.
Pourquoi les fans de Michael Jackson doivent lire ton livre ? Que penses-tu que cela pourrait leur apporter et devront-il obligatoirement écouter l'album Dangerous régulièrement pendant la lecture pour pouvoir entrer totalement en symbiose avec le livre ?
Les fans de Michael ne « doivent » pas lire mon livre. Ils sont libres. Ceux qui, justement, pensent qu’ils pourront peut-être compléter leur propre interprétation, auront naturellement envie de le faire. Encore une fois, je n’apporte pas la Bonne Parole. Ce sont mes recherches, mon approche, ma compréhension, selon ma propre culture et mon propre bagage musical. C’est un travail documenté, qui cite ses sources et qui n’a rien à cacher, pas même à Mark Ryden. D’autres analyses suivront sans doute, de la part d’autres chercheurs ou d’autres amateurs, et j’aurai plaisir à voir qu’ils complètent ou affinent les miennes. La fresque de Dangerous est une Joconde moderne. Elle a encore de longs siècles devant elle avant que l’on ne perce, si toutefois on y parvient un jour, le(s) secret(s) de son(ses) mystère(s)…
Il en est de même pour la musique. Si l’on a les chansons bien en tête, il ne sera pas nécessaire, je pense, de remettre systématiquement le casque. Mais là encore, les besoins de chacun sont différents. Il n’y a pas de règle ni de nécessité.
MJFrance te remercie pour cette interview. En dehors du livre, est-ce que tu aurais un message à faire passer aux fans qui lisent ces quelques lignes ?
Je participerai à des séances de dédicaces (parfois avec des mini-conférences) dans différentes grandes et petites enseignes aux quatre coins de la France et j’aurai plaisir à rencontrer et échanger avec chacun d’entre eux !
Liens utiles: amazon.fr / Page Facebook (Vous pourrez y découvrir le prologue du livre).
Eddith- Bloody
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Jeu: Le livre "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts / Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson" à gagner...
Possibilité de gagner un exemplaire du livre d'Isabelle Petitjean intitulé "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts / Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson
Pour tenter votre chance, il vous suffit de nous écrire à cpteo@mjfrance.com en précisant "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts" dans l'objet de votre courriel et en répondant correctement à la question suivante :
Quel fut le titre du premier single issu de l'album Dangerous ?
Votre réponse devra nous parvenir avant le 03 Juillet 2015 minuit et vous devrez y mentionner également vos nom, prénom et adresse postale. Un tirage au sort aura lieu parmi les bonnes réponses afin de désigner le gagnant du livre. En participant à ce jeu, vous autorisez MJFrance à publier vos noms et prénoms lors de la révélation du gagnant sur le site et sur notre page facebook. Le livre sera dédicacé par Isabelle Petitjean.
MJFrance vous souhaite bonne chance à toutes et à tous !
Liens utiles : MJFrance / amazon.fr / cultura.com / fnac.com / éditions L'Harmattan / Page Facebook.
Eddith- Bloody
- Messages : 6816
Une conférence animée par Isabelle Petitjean .....................
Mercredi 1er octobre à 20h aura lieu une conférence animée par Isabelle Petitjean, musicologue messine, au cloître des Récollets à Metz.
Quoi de mieux en effet que le cadre séculaire et historique d’un couvent médiéval (XIIIe siècle), qui héberge d’ailleurs l’Institut Européen d’Écologie, pour évoquer la problématique environnementale et artistique servant de ligne directrice à l’album « Dangerous » de Michael Jackson, édité en 1991, et, notamment, à celle du tableau de Mark Ryden, peintre surréaliste-pop américain, qui en constitue la pochette.
Cette double-création artistique, musicale et visuelle, a fait l’objet d’une étude approfondie publiée aux éditions L’Harmattan en mai dernier, sous le titre de "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts. Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson".
Rédigé par Isabelle Petitjean - doctorante à la Sorbonne et musicienne de formation classique qui vit et a étudié à Metz - cet essai fera l’objet, lors de cette soirée, d’une présentation, d’un décryptage et d’une re-contextualisation, enrichis par des illustrations visuelles et musicales.
Cette intervention, qui débutera à 20h dans la salle Capitulaire, sera accompagnée d'une exposition de tableaux intitulée « Michael Jackson, un autre regard », réalisée et présentée par une artiste-peintre québécoise, au coup d’œil et au coup de pinceau uniques et exceptionnels, Dominic Renée Paul.
Entrée libre. Conférence suivie d’une rencontre et d’une collation.
Cloître des Récollets, Colline Sainte Croix, Metz
Sources : MJFrance / Metz.fr avec Isa Petitjean Stegner Renée Paul , à Cloître des Récollets.
Eddith- Bloody
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Re: [Livre] Michael Jackson’s Dangerous
En raison des événements tragiques du 13 novembre , la conférence d'Isabelle Petitjean qui devait avoir lieu le 15 novembre a été annulée.
Elle est reprogrammée le samedi 27 février 2016 à 15h.
Au sujet de la conférence
Cette conférence vise à analyser l’un des tableaux de Mark Ryden, intitulé « Dangerous » ayant été créé pour la de pochette de l’album emblématique de Michael Jackson, « Dangerous », en 1991. L’auteure proposera une présentation, un décryptage et une re-contextualisation de l’opus, enrichis par des illustrations visuelles et musicales, puisque son ouvrage consiste en une double étude artistique et culturelle croisant la pochette (le tableau de Mark Ryden) et la musique concoctée par Michael Jackson et ses équipes de production.
http://www.hallesaintpierre.org/2015/…/mark-ryden-dangerous/
source: MJBackstage
Elle est reprogrammée le samedi 27 février 2016 à 15h.
Au sujet de la conférence
Cette conférence vise à analyser l’un des tableaux de Mark Ryden, intitulé « Dangerous » ayant été créé pour la de pochette de l’album emblématique de Michael Jackson, « Dangerous », en 1991. L’auteure proposera une présentation, un décryptage et une re-contextualisation de l’opus, enrichis par des illustrations visuelles et musicales, puisque son ouvrage consiste en une double étude artistique et culturelle croisant la pochette (le tableau de Mark Ryden) et la musique concoctée par Michael Jackson et ses équipes de production.
http://www.hallesaintpierre.org/2015/…/mark-ryden-dangerous/
source: MJBackstage
Eddith- Bloody
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Isabelle Petijean invitée de france 3 Lorraine
Isabelle Petitjean était l'invitée de Régis Gaudu Samedi 19 décembre lors du journal local du 19/20 de France 3 Lorraine. Vous pouvez revoir cette interview en vidéo sur la page spécialement créée pour ceux qui n'auraient pas pu voir ce programme.
à voir sur :http://m.france3-regions.francetvinfo.fr/lorraine/isabelle-petitjean-musicologue-invitee-du-1920-lorraine-889007.html
A noter qu'Isabelle sera en conférence le samedi 27 février 2016 à partir de 15 heures à la Halle Saint Pierre, 2 rue Ronsard à Paris. Si l'auditorum est en accès libre, il est vivement conseiller de réserver au 01 42 58 72 89.
Cette conférence vise à analyser l’un des tableaux de Mark Ryden, intitulé « Dangerous » ayant été créé pour la pochette de l’album emblématique de Michael Jackson, « Dangerous », en 1991. L’auteure proposera une présentation, un décryptage et une re-contextualisation de l’opus, enrichis par des illustrations visuelles et musicales, puisque son ouvrage consiste en une double étude artistique et culturelle croisant la pochette (le tableau de Mark Ryden) et la musique concoctée par Michael Jackson et ses équipes de production.
source : MJFrance
à voir sur :http://m.france3-regions.francetvinfo.fr/lorraine/isabelle-petitjean-musicologue-invitee-du-1920-lorraine-889007.html
A noter qu'Isabelle sera en conférence le samedi 27 février 2016 à partir de 15 heures à la Halle Saint Pierre, 2 rue Ronsard à Paris. Si l'auditorum est en accès libre, il est vivement conseiller de réserver au 01 42 58 72 89.
Cette conférence vise à analyser l’un des tableaux de Mark Ryden, intitulé « Dangerous » ayant été créé pour la pochette de l’album emblématique de Michael Jackson, « Dangerous », en 1991. L’auteure proposera une présentation, un décryptage et une re-contextualisation de l’opus, enrichis par des illustrations visuelles et musicales, puisque son ouvrage consiste en une double étude artistique et culturelle croisant la pochette (le tableau de Mark Ryden) et la musique concoctée par Michael Jackson et ses équipes de production.
source : MJFrance
Eddith- Bloody
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Message d'Isabelle sur Facebook .............
Message d'Isabelle sur Facebook :
"Pour tous ceux qui n'ont pu assister à ma conférence d'hier à Paris, qui était complète (et je vous en remercie !!!), ceux qui figuraient en liste d'attente, ceux qui habitaient trop loin ou avaient des obligations professionnelles et/ou familiales, vous pourrez retrouver l'intégralité de ma conférence (images, vidéos et narration) en DVD sur Amazon ...
Petit rappel via le descriptif du site : "d'une durée d'environs 80 minutes, ce DVD reprend l'intégralité des conférences données par Isabelle PETITJEAN, musicologue spécialisée dans la production de Michael Jackson, sur l'album Dangerous et sa pochette emblématique.
En s'appuyant de manière très illustrée sur les recherches menées dans son ouvrage « La culture pop au panthéon des Beaux-Arts.
Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson », l'auteure permet d'ouvrir le champ de compréhension et d'approches vis-à-vis d'un artiste complet, éveillé et éminemment riche culturellement et humainement - fait trop souvent négligé par les médias.
Un tremplin intéressant et accessible à tous vers son ouvrage, la culture pop, et un bon moyen d'ouvrir les yeux au plus grand nombre sur la véritable dimension artistique et personnelle de Michael Jackson."
Pour le commender allez sur : https://www.facebook.com/DVDculturepopDangerousMJ/?fref=ts
Source MJFrance
Eddith- Bloody
- Messages : 6816
Isabelle Petit-Jean concernant le décès de Prince
Quand Isabelle Stegner-Petitjean intervient à la radio pour une mise au point, claire et pertinente, concernant le décès de Prince vs MJ,
Entretien avec Thierry Georges
Source:https://www.youtube.com/watch?v=Q-eA4luBQuo
Entretien avec Thierry Georges
Source:https://www.youtube.com/watch?v=Q-eA4luBQuo
Eddith- Bloody
- Messages : 6816
Black or White... quand Michael se joue du piano... -
Très intéressant point de vue d'Isabelle Stegner-Petijean, musicologue, sur la chanson Black or White.
Il est un élément que beaucoup ignorent à propos de Black Or White…
Que cette chanson mette en scène la fraternité interraciale, c’est bien vrai. Tarte à la crème. La manière dont, bien avant les paroles, le mélange de rock et de rap sur fond de R&B et de country, parle de cela, est un peu moins tarte à la crème, surtout dans le détail musical, mais bon… la majorité sait le dire.
Mais il est une autre chose que je trouve très révélatrice et qui va chercher derrière le rideau du prêt-à-comprendre et à-voir. À l’instar des multiples degrés de compréhension et de codification dont Michael a paré son œuvre, laissant du grain à moudre et des petits cailloux pour continuer de vivre à travers les réflexions des générations à venir, Black Or White va insuffler jusqu’à l’atome, même, son message.
Michael était tout à fait conscient que les blocs de construction musicale peuvent servir à représenter, puissamment, des concepts extra-musicaux, en l’occurrence, liés ici à la race.
Black or White est en mi Majeur, une gamme (pour les non musiciens), qui va de mi à mi en passant par 4 notes diésées : mi-fa#-sol#-la-si-do#-ré#-mi.
Il faut savoir que sur un piano, les notes # citées ci-dessus correspondent à des touches noires et les autres notes (dites naturelles) correspondent à des touches blanches.
Si l’on y regarde bien, déjà, cette gamme comprend autant de touches blanches que de touches noires.... Amusant...
Ce qui est encore plus intéressant, dans le détail, c’est qu’à chaque fois qu’est prononcé le mot « noir / black », Michael chante une note qui correspond systématiquement à une touche noire du piano (fa #), tandis que lorsqu’il prononce le mot « blanc / white », la note chantée correspond toujours à une touche blanche (mi naturel).
D’ailleurs, dès l’introduction, on a un avant-goût de cette alternance et de cette égalité coloristes, puisque la guitare saute du sol # (touche noire) au mi (touche blanche).
Dans le pont, qui parle des cagoules (« sheets ») du KKK et qui est illustré, dans la vidéo, par les flammes, la tonalité change pour un mode de mi eolien (pour faire court et simple, plus de fa# dans ce passage, note utilisée partout ailleurs dans la chanson pour le mot « noir / black »). Un changement qui modifie le climat et rappelle les modulations employées dans les parties centrales des pièces de musique dite "classique", souvent pour créer une inquiétude, une tension, apaisée par le retour de la tonalité initiale ensuite.
Quant au rap, il supprime toute question de touches noires et blanches puisqu’il n’est pas mélodique (le rap ne se chante pas mais se scande rythmiquement), ce qui constitue, finalement, un geste de transcendance à l’égard de toute couleur, en accord avec son message : « ce n’est pas une question de race […] je ne vais pas passer ma vie à n’être qu’une couleur / it’s not about races […] I’m not gonna spend my life being a colour ».
Vous pensez que c’est un hasard ? Vous vous dîtes que ce sont des coïncidences ?
Je ne pense pas. C’est à la fois hyper pertinent et hyper humoristique. Cela lui ressemble. Michael n’était, certes pas, un as du solfège ni du piano. Mais Bill Bottrell est musicien et lit les notes. Le choix de cette tonalité et de ces jeux de clavier fait partie de ces sens cachés au 5e degré, à la Dürer, à la Bosch ou à la Bruegel. Et ça, Michael en raffolait. Je l’entends d’ici siffler doucement de rire devant ce jeu de piste pianistique, qu'il émane de lui ou qu'il lui ait été suggéré...
Car il y a un précédent. Il ne pouvait pas l’ignorer… En effet, le duo réalisé par Paul McCartney et Stevie Wonder, « Ebony And Ivory », est du même acabit : une chanson qui utilise l’image et la métaphore du piano et de l’harmonie raciale, également en mi Majeur, en jouant avec les touches noires pour le mot « ébène / ebony » (sol #, fa #, sol #) et blanches pour le mot « ivoire /ivory » (la, si, mi).
Vous me croyez maintenant ? Michael était féru de ce genre de codes, et si beaucoup les entrevoient dans ses productions visuelles, beaucoup moins, forcément, s’attachent aux analyses musicales et, du coup, sous-estiment la puissance de sens qu'il mettait, aussi, dans sa musique.
Il ne faut pas s’inquiéter de savoir si Michael était compétent pour jouer tel ou tel instrument, pour lire telle ou telle partition. C’est confondre les compétences requises d’un musicien/interprète de conservatoire de celles d’un musicien/COMPOSITEUR/interprète de musique pop. Non pas que les connaissances musicales soient à exclure des studios. Mais ce ne sont pas les diplômes d’instruments ou de solfège qui déterminent le génie créatif de quelqu’un. Le génie vient d’ailleurs. Même les grands compositeurs contemporains (Boulez, Stockhausen, Penderecki) vous le diront. Ce don, car c'est un don et non une compétence, n’a strictement rien à voir avec la maîtrise d’un instrument ou des règles de l’harmonie et de l’orchestration.
D'ailleurs, combien de fois Michael a "entendu" et dicté à ses musiciens des harmonies dont certains, qui avaient fait Berkeley ou d'autres études, se disaient que c'était contraire aux règles et que ça allait sonner faux ! Et... ils étaient sciés... à l'instar de Debussy, à qui on reprochait de ne pas respecter les règles de composition, à l'instar des cathédrales qui défient les règles d'architecture, la musique que capte Michael se caractérise souvent par l'échaffaudement de sculptures musicales qui défient les règles, le bon sens, les conventions, mais sont Justes et Originales.
Cette petite histoire montre, à la fois, que Michael n’avait pas besoin de tout cet attirail théorique, et que pourtant, il en savait et en comprenait suffisamment pour être génial et transmettre son génie, le distiller à tous les niveaux… Qui sait ce qu’on découvrira encore demain… dans ce qu’on croyait, pourtant, connaître, sur le bout des doigts…
Source : michaeljacksonfrancemusicologie.
Eddith- Bloody
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"Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson"
Invitée au Canada, Isabelle donne aujourd'hui une conférence.
Source François MJfrance
Eddith- Bloody
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Livre: Michael Jackson, il était une voix
Suite à notre info du 25 mars dernier concennant la sortie prochaine du nouveau livre d'Isabelle Petitjean, sachez que celle-ci vient de mettre en ligne la couverture de celui-ci accompagné d'une citation de Michael Jackson :
"On ne fait pas un monde meilleur spirituellement et concrètement quand les gens mettent des choses mauvaises dans leurs paroles et donnent des mauvaises images sur scène et tout le reste. C’est pourtant si important et je pense que cela peut conduire tellement de gens à s’égarer, parce qu’un artiste peut atteindre de tels sommets dans sa carrière que ce qu’il dit et pense pourrait changer le monde entier. Ils l’écouteront avant le Président ou tout autre de ces grands politiciens. Il faut faire attention. Ils pourraient changer la façon de vivre de ces personnes par ce qu’ils disent et font".
Michael Jackson
Liens utiles: michaeljacksonfrancemusicologie.com / La page Facebook d'Isabelle.
Source: MJFrance
"On ne fait pas un monde meilleur spirituellement et concrètement quand les gens mettent des choses mauvaises dans leurs paroles et donnent des mauvaises images sur scène et tout le reste. C’est pourtant si important et je pense que cela peut conduire tellement de gens à s’égarer, parce qu’un artiste peut atteindre de tels sommets dans sa carrière que ce qu’il dit et pense pourrait changer le monde entier. Ils l’écouteront avant le Président ou tout autre de ces grands politiciens. Il faut faire attention. Ils pourraient changer la façon de vivre de ces personnes par ce qu’ils disent et font".
Michael Jackson
Liens utiles: michaeljacksonfrancemusicologie.com / La page Facebook d'Isabelle.
Source: MJFrance
Eddith- Bloody
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Sortie du livre d'Isabelle Petitjean .......... Il était une voix .
Isabelle Petitjean a l'immense plaisir de vous annoncer la sortie, aujourd'hui, de son nouvel ouvrage sur Michael Jackson intitulé "Michael Jackson, il était une voix..."
Un ouvrage qui retrace l’histoire de cette voix, depuis ses premières mélodies d’enfant-star sous le label Motown jusqu’à ses dernières œuvres.
Rehaussé de magnifiques huiles et dessins réalisés spécialement par la peintre québecoise, au coup d'oeil et de pinceau uniques, Dominic Renée Paul, préfacé par le grand Bruce Swedien et par John Bähler, ce livre vise, au-delà des aspects musicaux et vocaux qu'il aborde, à lever le voile sur un versant trop souvent méconnu de Michael Jackson : celui d’un artiste extrêmement doué, rigoureux et professionnel.
Davantage que son parcours artistique, c'est la mesure incroyable de son éthique que les lecteurs découvriront, une éthique et une philosophie qui s’apparentent véritablement à une école de vie, tant le charisme, l’humilité et le travail acharné de Michael Jackson, en coulisses, et en dépit de ses talents innés, montrent combien il respectait son public et ses collaborateurs et ne tenait jamais rien pour acquis ou pour dû.
Vous pouvez acheter ce livre aux éditions Delatour, ici.
Isabelle Petitjean sera en dédicace dès Samedi à Paris à Musicora (Parc de la Villette) de 16h à 18h au stand de son éditeur Delatour.
Liens utiles: michaeljacksonfrancemusicologie.com / La page Facebook d'Isabelle / La page Facebook du livre.
Rappel:
Isabelle Petitjean a lancé un projet consistant en la réalisation d'une traduction professionnelle de cet ouvrage afin de le proposer ensuite aux lecteurs du monde entier mais aussi à des éditeurs universitaires américains.
Ayant connu d’importants déboires lors de la traduction de son premier ouvrage, "Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson, La culture pop au panthéon des Beaux-Arts", publié par L’Harmattan en français et finalement édité très récemment en anglais par Delatour, elle souhaite s’assurer que ce second livre puisse bénéficier d’une traduction de qualité, qui permettra de démarcher les éditeurs universitaires américains. Vous pouvez donc l'aider dans cette démarche ou une collecte est organisée sur le site d'ulule ou vous en apprendrez un peu plus sur l'ouvrage à venir. Attention ! il ne reste que 6 jours pour agir.
A noter qu'Isabelle Petitjean sera présente à la Kingvention du 30 Septembre prochain qui aura lieu à Londres et dont vous suivez l'actualité ici même.
source: MJFrance
Un ouvrage qui retrace l’histoire de cette voix, depuis ses premières mélodies d’enfant-star sous le label Motown jusqu’à ses dernières œuvres.
Rehaussé de magnifiques huiles et dessins réalisés spécialement par la peintre québecoise, au coup d'oeil et de pinceau uniques, Dominic Renée Paul, préfacé par le grand Bruce Swedien et par John Bähler, ce livre vise, au-delà des aspects musicaux et vocaux qu'il aborde, à lever le voile sur un versant trop souvent méconnu de Michael Jackson : celui d’un artiste extrêmement doué, rigoureux et professionnel.
Davantage que son parcours artistique, c'est la mesure incroyable de son éthique que les lecteurs découvriront, une éthique et une philosophie qui s’apparentent véritablement à une école de vie, tant le charisme, l’humilité et le travail acharné de Michael Jackson, en coulisses, et en dépit de ses talents innés, montrent combien il respectait son public et ses collaborateurs et ne tenait jamais rien pour acquis ou pour dû.
Vous pouvez acheter ce livre aux éditions Delatour, ici.
Isabelle Petitjean sera en dédicace dès Samedi à Paris à Musicora (Parc de la Villette) de 16h à 18h au stand de son éditeur Delatour.
Liens utiles: michaeljacksonfrancemusicologie.com / La page Facebook d'Isabelle / La page Facebook du livre.
Rappel:
Isabelle Petitjean a lancé un projet consistant en la réalisation d'une traduction professionnelle de cet ouvrage afin de le proposer ensuite aux lecteurs du monde entier mais aussi à des éditeurs universitaires américains.
Ayant connu d’importants déboires lors de la traduction de son premier ouvrage, "Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson, La culture pop au panthéon des Beaux-Arts", publié par L’Harmattan en français et finalement édité très récemment en anglais par Delatour, elle souhaite s’assurer que ce second livre puisse bénéficier d’une traduction de qualité, qui permettra de démarcher les éditeurs universitaires américains. Vous pouvez donc l'aider dans cette démarche ou une collecte est organisée sur le site d'ulule ou vous en apprendrez un peu plus sur l'ouvrage à venir. Attention ! il ne reste que 6 jours pour agir.
A noter qu'Isabelle Petitjean sera présente à la Kingvention du 30 Septembre prochain qui aura lieu à Londres et dont vous suivez l'actualité ici même.
source: MJFrance
Eddith- Bloody
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Interview d'Isabelle Petitjean; auteur du livre "Michael Jackson, il était une voix"...
Comme vous avez pu le suivre dans l'actualité jacksonienne et annoncé ici même, Isabelle Petitjean a sorti son deuxième livre consacré à Michael Jackson qui s'intitule cette fois-ci "Il était une voix".
Auteure également de l'ouvrage "La culture pop au panthéon des Beaux-Arts, Dangerous, de Mark Ryden à Michael Jackson" sorti en 2015, la musicienne de formation classique, professeure d'éducation musicale, universitaire spécialisée dans la production de Michael Jackson, auteure d’une thèse de doctorat en musicologie à la Sorbonne sur MJ, nous a accordé une interview afin d'en savoir un peu plus sur ce nouveau livre rédigé par une passionnée du Roi de la Pop.
MJFrance: Bonjour Isabelle. Après la sortie de ton premier livre sur Michael Jackson, pourrais-tu nous raconter justement comment as-tu vécu cette première expérience ? La sortie du livre, les dédicaces, les interviews, la réaction des fans et du public en général, comment as-tu vécu cela ?
Je pense avoir bien vécu la sortie de ce premier ouvrage et les événements liés ou consécutifs, comme les conférences, la traduction anglaise (même si cela a été compliqué) et les invitations à Gary, pour l’anniversaire de Michael, Washington ou au Canada où j’ai donné ces conférences en anglais. La bonne réception et même, je dirais, l’attente du public francophone et anglophone vis-à-vis de ce type d’ouvrage m’a confortée dans l’idée que j’avais des choses à faire dans ce domaine, et m’a donc donné envie de poursuivre, parallèlement à la voie purement universitaire.
Qu'est-ce qui t'a décidé à remettre le couvert et continuer à écrire sur Michael Jackson ?
En réalité je n’arrête pas d’écrire sur Michael Jackson. Ni de lire, d’étudier et d’analyser. C’est ma vie. J’ai terminé les 1200 pages de ma thèse à la Sorbonne sur lui, et il est fondamental pour moi que ces écrits, quel que soit leur avenir, ne restent pas dans des tiroirs, des disques durs ou qu’ils ne soient destinés qu’à des universitaires. J’ai à cœur de partager avec tout le monde le fruit de mes pensées, de mes ressentis et analyses sur Michael, de faire avancer, à mon niveau, la réflexion sur ce génie et de proposer, comme d’autres, des bases qui serviront, à leur tour, de support de réflexion pour les générations suivantes.
Pourquoi ce choix de vouloir parler de sa voix ? Est-ce enfin lui rendre hommage ?
En ce qui me concerne, «Dangerous et la culture pop» pouvait déjà être vu comme un hommage-témoignage, au même titre qu’ «Il était une voix». Témoignage dans le sens objectif, parce qu’il s’agit de propos et d’analyses argumentés, qui s’appuient également sur l’expérience de ses proches collaborateurs; et hommage dans le sens subjectif de la valorisation, puisqu’il est difficile, même si on le voudrait, de parler négativement du travail de Michael Jackson. Il faut en effet se rendre à l’évidence, nous parlons d’un artiste hyper-professionnel, hyper-travailleur, respectueux du public, talentueux et perfectionniste, bref, une perle rare et le rêve assumé de tout producteur. D’autre part, de nombreux hommages lui sont rendus et d’excellents livres sont publiés régulièrement. Il existe tant de manières différentes de lui rendre hommage, par des écrits, des spectacles, des master-classes, des chansons. Le monde de la musique et celui de l’industrie du disque lui doivent tant… et nombreux sont ceux qui lui rendent hommage, soit en revendiquant son influence, soit plus inconsciemment, en prolongeant ses apports culturels.
Des livres de toutes sortes sont sortis concernant Michael mais extrêmement peu parlent de son art, des qualités qui étaient les siennes et des énormes talents qui étaient en lui. Nous nous réjouissons de lire le genre de livre que tu écris mais d'un autre coté nous ne pouvons être que navrés d'avoir constaté pendant toutes les années passées que cela n'avait malheureusement pas été déjà fait. Nous te remercions donc de lui rendre enfin hommage mais pourquoi d'autres musicologues n'ont pas écrit cela auparavant ? Penses-tu qu'il y avait une sorte de honte ? Ou est-ce parce que personne n'y avait pensé avant ?
Je suis d’accord avec toi. Et Bruce Swedien m’avait posé la même question lors d’une de nos premières rencontres en Floride : «Pourquoi maintenant ? Michael n’attendait que cela, que l’on parle de sa musique. Il aurait adoré et t’aurait aidée, tu sais…» Dur à entendre, quand on sait, comme je le lui ai alors expliqué, qu’il y a 20 ans, lorsque j’ai terminé ma maîtrise et voulu embrayer sur une thèse pop, on m’avait répondu, non sans cynisme: «Mais enfin, mademoiselle, soyons sérieux, ce n’est pas de la musique ! Il n’y a rien à en dire ! Et certainement pas dans le cadre d’une thèse !» Sans doute je n’étais pas entourée par les bonnes personnes. Et plutôt que de faire une thèse pour faire une thèse, j’ai laissé tomber. En fait, il a fallu attendre le début des années 2000 pour voir réalisés, en France, les premiers mémoires sur les Beach Boys ou les premières thèses sur les Beatles. Alors qu’Outre-Atlantique, des personnes comme Susan Fast ou David Brackett étudiaient la question depuis bien longtemps ! Je déplore un certain conservatisme dans nos institutions et un élitisme mal placé, qui ne sont malheureusement pas encore complètement dissolus aujourd’hui.
Sans entrer dans les détails de ton livre, pourrais-tu nous dévoiler tout de même ce qui faisait que la voix de Michael était si particulière ?
La nature de sa voix, son timbre, son panel émotionnel, sa virtuosité technique, ses capacités à s’exprimer dans des esthétiques totalement différentes, en font un particularisme incroyable dans l’histoire des voix pop. La fascination qu’elle a toujours exercée sur le public en dit long sur sa singularité. Et puis la manière dont elle a été conservée authentiquement dans l’enregistrement par Bruce Swedien, essentiellement, créant une promiscuité avec l’auditeur, est pour beaucoup dans le ressenti, en termes d’intimité, d’attachement, de confidence, de sincérité, de viscéralité.
La voix de Michael Jackson ne fait pas qu’accompagner nos vies. Elle est entrée dans nos vies. Véritablement.
Lorsque de nombreux artistes tentent de reprendre ses chansons et surtout lorsque de jeunes amateurs dans des émissions comme "The Voice" ou autres essaient de s'attaquer à des classiques du Roi de la Pop, on s'aperçoit alors qu'ils s'attaquent souvent à des sommets de l'Everest et qu'ils n'y arrivent pas tellement il y a de subtilités dans ses chansons. Penses-tu que le public en général est passé à côté de ces difficultés et n'a pas réalisé à quel point certaines de ses prestations sur des chansons étaient vraiment le fruit d'un travail acharné ?
Oui, je le pense, et je pense que c’est normal, autant que voulu, même si tout cela a un revers.
Un artiste qui laisse entrevoir les difficultés et les souffrances n’est pas crédible. Pour que l’art fasse son effet et subjugue, il faut que le résultat soit totalement naturel et semble naturel. C’est pour cela que Michael, même s’il était capable, en dansant comme en chantant, de produire ou de restituer spontanément une mélodie ou une chorégraphie avec une qualité initiale que beaucoup pourraient lui envier, était un travailleur acharné, prêt à passer 4 heures sur 2 mesures pour que le résultat soit extraordinairement naturel, évident et semble facile.
La contrepartie à ce perfectionnisme est que l’on n’imagine pas, en effet, tout le travail qu’il s’infligeait en coulisse et la réelle difficulté de prouesses chorégraphiques ou vocales qui semblent faciles lorsqu’on le regarde et l’écoute.
C’est aussi le lot de Mozart. Dont la musique sonne de manière si pure, si perlée, si divinement naturelle - au point que certaines pièces sont qualifiées, à l’oreille, de simplistes - alors que pour que l’interprète parvienne à restituer ce degré de pureté, à broder cette fine dentelle, il lui faut fournir un travail d’orfèvre : le moindre appui ou accent involontaire brise immédiatement l’équilibre et fait retomber la magie et le divin sur le plancher des vaches.
Beaucoup de fans considèrent la voix de Michael Jackson enfant comme celle d'un ange. Et l'on sait à quel point il avait ce don d'empathie pour chanter. Comment expliquer cela dès son plus jeune âge ? Qu'est-ce qui selon toi a fait qu'il a pu ainsi absorber le talent des autres et en faire une recette interne qui a donné le rendu de sa voix sur certains titres ?
C’est vraiment un don. Inexplicable, comme il le disait lui-même. Son organe vocal est un don, mais également la gestion qu’il a su en faire durant toute sa croissance, naturellement et sans professeur de technique vocale. Il aurait pu s’abîmer la voix avec la mue: il a su ne pas le faire, parce qu’il la plaçait naturellement juste où il faut. Sans doute les modèles vocaux de Motown, parmi lesquels il évoluait, lui fournissaient de sains exemples. Et comme il était une éponge… Mais tout cela n’a rien à voir avec la fantasmagorie récurrente vis-à-vis des enfants-stars qui auraient subi des traitements hormonaux pour diverses raisons. Tout cela n’est que délire et histoires à sensations. Cela fait vendre davantage que la notion de don, face à laquelle nous ne sommes pas tous égaux et celle de travail, qui ne fait rêver personne… Enfin, Michael aurait pu être doté d’une voix d’adulte totalement différente, mais la nature devait avoir vraiment une idée en tête puisqu’elle en a décidé autrement.
Son hypersensibilité s’est adjointe à ce don physique. Cette capacité à s’imprégner des émotions, des histoires relatées par les textes des chansons jusqu’à les vivre de l’intérieur pour les faire partager, constitue vraiment une autre particularité de cet être humain.
Et puis, Michael Jackson avait des qualités d’observation indéniables. Un œil aiguisé, un regard analytique, bref, une source d’imprégnation fondamentale pour lui.
Bref, il semble que la nature avait réuni chez lui toutes les conditions, tout le terreau pour que les plus belles fleurs artistiques puissent y pousser et y éclore.
Etait-ce tout simplement un don dont la terre entière aurait pu passer à côté ou obligatoirement, un jour ou l'autre, Michael Jackson se devait de chanter ?
Il aurait été dommage de passer à côté. Mais la vie, et les circonstances de vie (l’ère des Droits Civiques et la quête de dépassement des afro-américains, le succès de Hitsville, la personnalité de Michael) ont créé une brèche dans l’histoire, un point de conjonction favorable à son émergence et à son épanouissement. Mais l’Univers sait appeler ce(ux) dont il a besoin…
On a lu souvent à quel point certains artistes surtout période Motown, avouaient être subjugués par la voix de Michael et d'un autre côté, Bea Swedien raconte dans "In The Studio With Michael Jackson" que les pontes de chez Sony, après l'écoute de l'album HIStory devant Michael n'eurent aucune réaction, se levèrent et quittèrent la pièce sans dire un seul mot. Comment expliques-tu cette attitude d'un monde de la musique qui semble à des années lumières de celui de la réalité artistique ?
Tu parles de réalité artistique et tu fais bien. La bien-nommée «Industrie du Disque» n’est pas une œuvre philanthropique ni une fondation dédiée au mécénat artistique. Elle fait du business c’est tout. L’art ou la qualité des artistes, en 1995 mais déjà bien avant, n’a pas grand-chose à faire avec la visibilité qui leur est accordée et qui n’est calculée qu’en fonction de créneaux commerciaux à faire fructifier et de publics-cibles à atteindre. Michael Jackson a toujours été un ion libre, difficile à canaliser, avec qui il fallait composer en raison de son incroyable talent, de son autonomie créative et des retombées financières qu’il engendrait. Il ne faisait pas forcément ce qu’on attendait de lui, ce qui correspondait aux attentes marketing, et cela dérangeait.
Lorsque tu fais écouter des chansons de Michael pour parler de sa voix, lesquelles choisi-tu et pourquoi ? Sur quelles chansons est-ce que tu mets l'accent sur telle ou telle chose concernant la voix de Michael ?
J’aime faire écouter des a cappella de la période Motown, les démos multitracks de certains titres emblématiques qui permettent d’expliquer ses techniques (vocales) de composition et l’architecture de certaines chansons, et puis des titres comme «We’ve had enough», pour son polyglottisme vocal et le panel progressif d’émotions et de styles qu’il met en œuvre, ou encore «Lady in my life», pour l’incroyable impro qui envoie au firmament la moitié du titre. Entre autres, bien sûr…
Sur son dernier album Invincible, n'a-t-on pas la sensation que Michael a voulu justement mettre en avant sa voix ?
Certains titres renouent, en effet, avec les ballades soul, comme «You are my life», «Speechless», «The lost children». Elles donnent à l’entendre dans une tessiture inhabituellement grave et c’est intéressant. D’autres titres comme «Whatever happens» ou «Butterflies» sont également subjugants sur le plan vocal. Il aimait expérimenter et surprendre, et voulait certainement montrer qu’il n’était pas qu’une référence, certes incontournable, mais académique et liée à un certain passé, mais qu’il était toujours en lice, qu’il faudrait encore compter avec lui, au sein de la nouvelle génération.
On a découvert avec This Is It que Michael pouvait et avait d'autres possibilités artistiques à développer comme par exemple sur un titre comme "I Just Can't Stop Loving You" dont on se demande ou est-ce qu'il aurait pu encore l'amener. Est-ce que l'on peut dire qu'il pouvait créer et créer encore à l'infini ce qui aurait pu être une nouvelle version de chaque chanson ? Et d'un autre coté n'était-ce pas un piège pour lui que de croire qu'un titre n'était jamais assez parfait ?
Michael Jackson possédait, tel le phénix, un potentiel de création et de re-création permanent. Sans doute aurait-il pu apporter encore d’autres versions, d’autres adaptations, voire développements à des titres préexistants, en plus de nouvelles compositions. Mais je ne pense pas que la musique ait une fin. Même si notre société, par l’enregistrement, grave, en quelque sorte, dans la pierre, une version V à un instant T, tout cela n’est pas naturel. La musique est un art vivant, qui est fait pour être interprété, réinterprété, refaçonné à l’infini. Il n’y a pas de version parfaite. Juste des nécessités de calendriers de productions et un système figé que l’homme a inventé et qui est l’enregistrement. Celui-ci semble remplacer la partition classique en termes de référence à laquelle se fier. Mais la partition avait cet avantage réaliste qu’elle n’était pas une musique. Pour vivre, elle avait besoin de l’interprète et de sa part personnelle d’interprétation. Tout n’était donc pas écrit au pied de la lettre. La perfection n’existe pas. Et je crois que Michael ne pensait pas en ces termes, en tous cas pas en termes de finitude.
On a pu avoir la sensation entre chaque album de Michael qu'il aurait pu faire des pauses. Est-ce qu'il travaillait tous le temps sa voix ou est-ce qu'il lui arrivait de ne pas le faire et de reprendre le travail après des mois d'absence ?
Il est difficile de dire ce que Michael Jackson faisait dans la réalité de son intimité et de son quotidien. Sans doute entretenait-il sa voix régulièrement, car il avait vraiment à cœur de rester au top, et la voix n’est pas un instrument que l’on peut se permettre de négliger pendant de longues périodes. Il avait ce qu’il fallait autour de lui, techniquement, pour travailler sa voix, et Seth Riggs à portée de téléphone. Mais il n’arrêtait jamais de travailler, de composer, de créer. Il était, comme le disent Bruce Swedien et Matt Forger, en création permanente. Tout fourmillait et fusait dans sa tête. Il prenait des notes, enregistrait des idées musicales sans arrêt. Rien ne l’arrêtait. Tout l’inspirait.
Qu'est-ce que les fans vont découvrir dans ton livre ? est-ce une analyse de sa voix ou allons-nous également découvrir le témoignage de personnes ayant travaillé avec lui en studio et ailleurs ?
Il est très difficile d’aborder la voix de Michael Jackson de manière isolée, sans évoquer son corps, son message, son panel émotionnel ou la restitution sonore enregistrée. Cependant, la voix est au cœur de son univers, dans le sens où la musique est au cœur de son univers : sans musique, pas de danse, pas de vidéo, pas de texte. Il le disait lui-même, la musique est la source, avant tout le reste. Et au cœur de cette musique, il y a sa voix, son instrument principal (avec son corps pour la danse). Une voix qui chante, certes, mais qui, en amont, est le crayon du compositeur, puisqu’il compose avec elle et transmet non seulement, par son intermédiaire, les mélodies et les harmonies à ses musiciens et producteurs, mais également les timbres instrumentaux. La voix est donc l’artère qui nourrit le cœur musical jacksonien, lequel nourrit, irrigue et fait vivre le corps artistique de Michael Jackson. La voix est fondamentale.
Des témoignages il y en a toujours car j’ai à cœur d’argumenter mon travail et de faire partager les propos et vécus dont me font part ses proches collaborateurs. Les lecteurs pourront donc, au fil de ce livre, suivre l’évolution de la voix de Michael Jackson depuis l’enfance, comprendre l’intérêt des vocalises qu’il pratiquait, cerner ce qui faisait sa capacité vocale physiologique extraordinaire et les sources de cette hypersensibilité qui nourrissait ses interprétations. J’aborde également ce statut d’ «acteur» qu’il revendiquait en priorité et les questions de sincérité émotionnelle. Une partie est dédiée à la manière si particulière dont Bruce Swedien, qui a préfacé le livre, a enregistré cette voix unique pour lui conserver son authenticité et son intégrité, à contrepied des pratiques d’épuration mises en œuvre généralement dans le monde pop. Enfin, j’aborde le message porté par cette voix. Ce message missionnaire et éclairant qui est au cœur de sa philosophie.
Le livre est illustré de photographies, mais également de tableaux réalisés par l’artiste québecoise Dominic Renée Paul que certains fans connaissent, et qui porte un regard tellement unique et particulier sur Michael Jackson, loin des calques et photoshops qui, s’ils ont leur intérêt et leurs objectifs, oeuvrent dans un domaine différent. Il s’agit ici d’une sorte de co-création. D’une écriture à 4 mains. Elle avec ses coups de crayon, moi, avec mes mots.
J’avais envie que ce livre soit différent. Ni musicologique, ni biographique ou linéaire. Il comporte des propos personnels, des flashs un peu plus lyriques sur Michael Jackson, et des analyses et approches objectives, mais accessibles à tous, fans ou non, amateurs de chant, de musique lyrique ou de pop, et même aux curieux, qui auraient envie de gratter sous le vernis médiatique pas toujours reluisant et généralement erroné, distillé par les ondes, pour aller à la rencontre d’une réalité bien plus riche
S'il y a quelques séances de dédicaces de prévues et quelques interview en radio de toi, une actualité particulière semble également te concerner. Il s'agit du MJ Music Day organisé par l'Association On The Line qui aura lieu le 18 novembre prochain à l'hôtel Mercure de l'aéroport de Lille. Est-ce que tu peux nous en dire plus à ce sujet et est-ce que tes livres y seront en vente ?
Oui, tout à fait, je serai présente avec mes livres et les vidéos de mes conférences. Brice Najar et moi avons fondé cette association pour continuer de permettre à des collaborateurs de studio et musiciens de Michael de venir nous enrichir, nous instruire et témoigner. Il est important de prendre les informations à la source et c’est là une occasion unique. Brad Buxer et Michael Prince ne sont encore jamais venus en France, et le reportage de Garrett Maynard sur Bruce Swedien sera une première. Sans oublier la présence de Brice Najar, d’Hector Barjot et de notre talentueux et sympathique ami Yann Merlevede. Tout sera traduit en live par Laetitia Latouche, donc pas d’inquiétude à avoir pour la compréhension. De plus, les invités nous gratifieront d’anecdotes et d’écoutes inédites qui ne pourront être retrouvées ailleurs.
C’est vraiment l’événement de l’Automne, et un temps de partage pour le public, avec nos guests, en petit comité, durant la soirée.
Nous te remercions pour cette interview et espérons te voir très bientôt, surtout le 18 novembre prochain à Lille ou nous encourageons les fans à venir très nombreux afin de t'y rencontrer. Est-ce que tu veux leur rajouter quelque chose ?
Je remercie MJFrance pour son intérêt et son soutien. Merci pour cette belle interview et cette possibilité, offerte, de répondre à de belles questions.
Le lien de la billetterie : mjmusicday.com
La page Facebook de l’événement : facebook.com/events/2007961452758592/
Vous pouvez acheter le livre aux éditions Delatour, ici.
Liens utiles pour le livre: michaeljacksonfrancemusicologie.com / La page Facebook d'Isabelle / La page Facebook du livre.
MJFrance
Eddith- Bloody
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Jeu: Le livre "Michael Jackson, il était une voix..." d'Isabelle Petitjean à gagner
Nous sommes heureux de vous annoncer la possibilité de gagner un exemplaire du livre d'Isabelle Petitjean intitulé "Michael Jackson, il était une voix" sorti aux éditions Delatour.
Pour tenter votre chance et gagner un exemplaire de ce livre, il vous suffit de nous écrire à cpteo@mjfrance.com en précisant "Il était une voix" dans l'objet de votre courriel et en répondant correctement à la question suivante :
Quel célèbre album de Michael Jackson a déjà fait l'objet d'un ouvrage d'Isabelle Petitjean ?
Votre réponse devra nous parvenir avant le 20 juillet 2017 minuit et vous devrez y mentionner également vos nom, prénom et adresse postale. Un tirage au sort aura lieu parmi les bonnes réponses afin de désigner le gagnant du livre. En participant à ce jeu, vous autorisez MJFrance à publier vos noms et prénoms lors de la révélation du gagnant.
MJFrance vous souhaite bonne chance à toutes et à tous !
Eddith- Bloody
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« Michael Jackson voulait l’égalité, il n’a jamais eu une position nationaliste »
2019 sera une année Michael Jackson. Le 25 juin 2019 marquera la décennie de son décès. Après la National Portrait Gallery à Londres, l’exposition Michael Jackson On The Wall, arrive, à Paris, au Grand Palais le 23 novembre 2018. Isabelle Stegner-Petitjean, docteure ès Musicologie, spécialiste du King of Pop, revient sur l’héritage musical mais aussi culturel et humain, laissé par cet artiste transracial légendaire. Entretien exclusif.
Sarah Hamdi : Dans votre thèse, vous vous appuyez sur une citation de Michel Houellebecq : « Il n’était plus ni noir ni blanc, ni jeune ni vieux ; il n’était même plus, dans un sens ni homme ni femme. Personne ne pouvait véritablement imaginer sa vie intime ; ayant compris les catégories de l’humanité ordinaire, il s’était ingénié à les dépasser. Voici pourquoi il pouvait être tenu pour une star, et même pour la plus grande star – et en réalité, la première – de l’histoire du monde. » Qu’entendez-vous quand vous parlez de transversalité raciale chez Michael Jackson ?
Isabelle Stegner-Petitjean : Avant même que ses aspects physique et physionomique ne changent – je pense au milieu des années 70 alors qu’il était encore avec cette coupe afro et cette apparence tout à fait afro-américaine- Michael Jackson parlait déjà de son ras-le-bol de voir la musique catégorisée comme étant des musiques noires ou des musiques blanches.
Michael Jackson disait déjà à cette époque : “moi je veux faire une musique avec un grand M et que les gens disent c’est Michael Jackson, c’est sa musique, je l’aime, point.”
D’un point de vue culturel américain, et donc de ce point de vue culturel très racialisé aux États-Unis, on part vraiment de là : sa musique est hybride, elle pioche dans des étiquettes qui sont vouées à des couleurs là-bas.
Ses aléas de santé et ses choix médicaux ont fait que son apparence a suivi et a complété cette idéologie qu’il véhiculait par sa musique, d’une manière encore plus évidente, et peut-être même, plus facile à saisir que l’analyse de ses chansons.
Donc, il a été parfois rejeté par les membres de sa communauté comme étant un traître parce qu’on ne comprenait pas son changement d’apparence.
Pour beaucoup d’Afro-Américains et pour l’industrie du disque : “un Noir qui vend de la pop music aux Blancs n’est plus un Noir”.
Il y a des positions comme ça qui sont très tranchées et finalement sans vouloir lui-même se classifier comme blanc, il a quelque part parfois été exclu et mis de côté par sa propre communauté.
Le fait justement de s’identifier à cette pop music et d’obtenir du succès dans ce courant dominant, qui est à dominante blanche, fait de lui un artiste associé à une étiquette blanche.
Donc, on se retrouve à la conjonction d’un tas de choses : l’ambition stylistique, l’apparence de l’être humain et finalement un idéal qu’il portait.
C’est un enfant des droits civiques. Il a grandi à l’époque où a été tué Martin Luther King, il a vécu dans le fond de sa banlieue de Gary, avec ses histoires et ses problèmes sociaux et a toujours eu envie d’une intégration, d’une égalité.
Il n’a jamais eu envie d’avoir une position nationaliste, de revanche, par rapport au Blanc, ni de rester non plus en dessous, il avait vraiment envie d’un partage équitable.
Pour tout cela, on peut imaginer une sorte de transversalité raciale pluri-formelle parce qu’il est passé malgré tout d’une identité noire au départ, d’une pop noire à Motown, à quelque chose de beaucoup plus hybride et international.
C’est là que le transfert s’opère mais je dirais que son ambition n’était pas d’opérer une transversalité. Selon moi, c’est un être qui est neutre, c’est une forme de neutralité.
Il propose vraiment une figure, une identité kaléidoscopique, dont chaque pan fait vraiment partie de sa personnalité. Mais, qu’à l’inverse de la majorité d’entre nous et de la plupart des artistes qui se collent un type d’étiquette, Michael Jackson accepte cette pluralité d’identité et la montre.
Cela permet de fédérer un public extrêmement différent et cela dérange aussi parce qu’on aime bien que les gens choisissent un camp. Mais, Michael Jackson ne choisit pas de camp, il propose simplement.
« Michael Jackson a voulu vraiment montrer que rien n’est impossible et que dans la vie il faut se battre et qu’il faut avoir la foi, à commencer par la foi en soi. »
S-H : Pour vous, l’héritage de Michael Jackson transcende la dimension musicale, il est même spirituel et philosophique…
I.S-P : On parle beaucoup d’héritage musical par rapport à son œuvre. Aujourd’hui, je pense que, de Michael Jackson, se dégagera dans quelques décennies un message plus philosophique, plus spirituel, parce que c’est quelqu’un qui a une vie particulière, qui s’est battu toute sa vie et qui ne s’est jamais plaint d’avoir à se battre. Ce qui a pu créer les malentendus qu’on connaît en pensant que ce sont des choix délibérés, des fantaisies.
Or, Michael Jackson a voulu vraiment montrer que rien n’est impossible et que dans la vie il faut se battre et qu’il faut avoir la foi, à commencer par la foi en soi.
Enfant, il a souffert énormément de moqueries, il a été harcelé, violenté. Pourtant, il s’en est sorti. Il a même eu encore plus de force et de volonté pour se battre.
Je pense qu’il y a beaucoup à apprendre encore de cette personne, parce que l’on méconnaît encore énormément le Michael Jackson du quotidien, celui qui travaille dans les studios avec ses musiciens.
Il dégageait vraiment un calme et un charisme que ses musiciens continuent aujourd’hui de raconter en expliquant à quel point, c’était un être singulier, apaisant et bienveillant.
On reste beaucoup sur les strass, les paillettes, les projecteurs et les lunettes aviator… Mais il y a vraiment une personnalité profonde, peut-être un peu naïve, et c’est ce qui lui a coûté tout ce que ça lui a coûté. Une personnalité profondément bonne je dirais, peut-être trop.
Je pense que cet aspect fera aussi école, car beaucoup se seraient arrêtés dans son cas, ou n’auraient peut-être jamais commencé. Il a eu cette force et forcément s’en dégagera pour beaucoup de gens, dans les années à venir, un moteur, un exemple de continuation, un peu spirituel au sens profane je dirai, un état d’esprit.
S.H : Comment Michael Jackson a t-il contribué à bouleverser l’industrie du disque aux États-Unis ?
I.S-P : Aux États-Unis, en terme d’industrie du disque, il a vraiment apporté un palier supplémentaire dans le décloisonnement coloriste, “racial” —mais c’est un terme qui aujourd’hui est parfois mis entre parenthèses, même si ce n’est pas le cas aux États-Unis- il a vraiment donné une dimension supplémentaire aux crossovers* qui avaient déjà pu être faits par des artistes avant lui. Je pense à Duke Ellington, par exemple.
L’industrie du disque aux Etats-Unis est extrêmement cloisonnée. Il y a vraiment des départements pour les musiques noires, pour les musiques blanches. Il y a des budgets qui sont très différents, des politiques de visibilité très différentes également.
Et Michael Jackson, par l’intérêt qu’il a su susciter, et toutes les propositions qu’il a su générer, n’a pas pu faire autrement que d’être accepté. Il a non seulement fait des crossovers qui consistaient à vendre très bien au public noir, ensuite au public blanc. Mais aussi parfois, il vendait directement au public blanc, et bien plus qu’aux Noirs.
Cela a été une très grande avancée pour ses successeurs. Il a vraiment collé à l’étiquette de la pop music, pluristylistique très fluide, très changeante, parce qu’il a su tout au long de sa carrière évoluer dans ses choix d’étiquettes, dans ses combinaisons musicales, pour aboutir à une musique qui n’ait plus vraiment de cloisonnements et de couleurs. Une musique que l’on ne puisse plus classer comme appartenant à un type totalement noir ou totalement blanc.
Contrairement à Motown qui avait vraiment voulu dans sa jeunesse une pop noire à destination du public blanc, Michael Jackson est allé vers une hybridité totale.
S.H : Michael Jackson semble être un artiste du décloisonnement. Il a réussi à parler à des publics très hétérogènes en dépassant la dichotomie musique noire/ musique blanche. Selon vous, quels atouts lui ont permis de fédérer mondialement ?
I.S-P : La richesse de sa musique, l’efficacité de sa musique, quelque chose qui accroche l’oreille, tout de suite. Michael Jackson propose un menu varié, dans un même album de Michael Jackson on ne retrouve pas toujours les mêmes étiquettes : on a vraiment des mondes différents.
L’artiste a également su attirer par la vidéo. Il a dépassé la dimension de support commercial de la vidéo. A l’époque où il a sorti Billie Jean ou Beat it, au début de MTV, la vidéo ne servaient vraiment que de support promotionnel.
Michael Jackson a fait le contraire puisque une vidéo comme celle de Thriller est sortie alors que l’album était déjà en tête des ventes et des vidéos avaient déjà été diffusées. Il a sorti le clip, dans ce qu’il appelle lui un court-métrage, comme une œuvre d’art, comme quelque chose de pensé, avec un scénario et des moyens cinématographiques.
On est sorti de ces clichés de publicité aussi. C’était un moyen d’attirer le public, de proposer des musiques qui puissent être passées en boîte de nuit et faire danser, et qui plaisent aux jeunes puisqu’elles ont un côté extrêmement énergique.
S-H: Il a innové sans renier son “patrimoine” musical pour autant…
La musique de Michael Jackson est toujours fraîche et d’actualité, et en même temps, elle ne tourne pas le dos à la tradition malgré tout.
Michael Jackson combine l’hétérogénéité de la pop internationale. Ce qui fait que l’on va se retrouver sur un même album avec des morceaux très rock, voire du heavy metal, des sons très africanisants, et tout à coup un rap, et sur le morceau suivant un extrait de Beethoven. Et en même temps, on retrouve son apparence extrêmement changeante et inclassable.
S-H: Au delà de l’artiste, c’est l’homme qui a fasciné, et qui fascine encore…
I.S-P : Sa personnalité entre en ligne de compte. C’est quelqu’un qui a pu être senti comme bienveillant. C’était un jeune homme pétillant. Son changement d’apparence aussi a montré que, dans la vie, rien n’est figé, rien n’est bloqué, que l’on peut constamment se renouveler, pour peu qu’on le veuille.
Et ça, je pense que c’est extrêmement moteur pour les gens, pour le public, qui a besoin de sortir du quotidien, besoin d’espoir et d’espérance.
Michael Jackson a incarné une figure sociale pour ne pas dire mythologique — parce que c’est ce qui a fini par arriver quand même- il est devenu une sorte de super-héros pour les enfants, de gendre idéal.
Au-delà de la musique, sa personnalité et tous ces éléments ont fait que les gens ont pu se retrouver en lui. Il y avait toujours un challenge, un suspense. À chaque fois qu’il allait proposer quelque chose, le public savait qu’il irait encore plus loin.
« Michael Jackson n’impose pas une école particulière : il a une forme d’ouverture d’esprit vers toutes les cultures »
S.H. : Peut-on parler de Michael Jackson comme d’un “artiste engagé”?
I.S-P : Oui, c’est un artiste engagé, mais qui n’a pas été décrit comme engagé et qui ne s’est pas décrit comme engagé. Il n’avait pas envie d’être devant les caméras et de faire des œuvres tout en étant filmé et médiatisé.
Il a fait extrêmement de choses pour les enfants dans les orphelinats, les hôpitaux, les œuvres caritatives. Il avait fondé, à un certain moment, une association.
Partout où il se déplaçait dans ses tournées il allait visiter les hôpitaux, apporter des médicaments, des jouets, etc. Il n’alertait pas la presse et par sa philosophie à lui, il ne s’en vantait pas.
Cela est un peu passé à la trappe… On a gardé le caisson à oxygène lors de l’inauguration du centre des grands brûlés. Il y a eu beaucoup de jeux de fait là-dessus, mais on ne garde qu’un côté de l’histoire et on oublie de dire ce qu’il faisait dans ce caisson et pourquoi.
Michael Jackson donnait l’intégralité de ses cachets, donc, 6 millions de dollars, à chacune de ses tournées. Il les reversait en intégralité (mais vraiment en intégralité) aux œuvres et il ne touchait pas un centime là-dessus : il ne l’a jamais médiatisé, personne n’en n’a jamais parlé.
C’est vrai que c’est un engagé avant l’heure mais un engagé de bonne foi. Il était très biblique par sa formation de Jéhovah et c’est quelqu’un qui était toujours très collé aux écritures en se référant parfois à des passages de la Bible.
S.H. : Michael Jackson se définissait comme “apolitique”. Était-ce vraiment le cas…
I.S-P : Michael Jackson se décrivait comme apolitique, mais je dirais qu’il est tout de même politique, malgré lui, parce que toute sa musique est politique, ses intentions musicales et stylistiques aussi. C’est même plus fort qu’un discours. S’il a fait très peu discours dans sa vie, il a été bien plus en profondeur que cela.
Il a été proche de ses voisins, des gens qu’il croisait dans la rue, comme dans des pays lointains, une aide pour le pauvre, les enfants d’Afrique ou d’ailleurs.
Aujourd’hui, les chiffres sont là pour en témoigner, mais il n’y avait pas de démarches commerciales ou de communication derrière cela.
S.H : L’exposition On the Wall qui lui est consacrée au Grand Palais pointe son apport dans l’art contemporain. En quoi Michael Jackson a t-il inspiré ce monde?
I. S-P : Concernant l’art contemporain, je pense qu’il a inspiré puisque Michael Jackson laisse la porte ouverte à absolument toutes les possibilités d’interprétation, de dépassement et finalement est très inspirant dans tout type d’esthétique.
Michael Jackson n’impose pas une école particulière : il a une forme d’ouverture d’esprit vers toutes les cultures par sa propre imprégnation culturelle, mais également par ce qu’il a proposé en terme d’image artistique.
Michael Jackson peut intéresser de toute part étant donné que lui-même a été très loin dans son art. Il ne peut que donner envie aux artistes dans tous les domaines et y compris picturaux, de s’appuyer sur lui pour aller encore plus loin.
S.H : On parle de Michael Jackson comme d’une star populaire. À quel moment s’opère la bascule entre star populaire et star universelle ?
I. S-P : Star populaire, on est vraiment sur l’enfant star. Puis, on continue de parler de “star populaire”, mais qui n’est plus enfant, avec ses frères The Jackson 5, dès qu’ils quittent Motown.
Et, la méga star internationale, c’est vraiment à partir de Thriller, avec ses 140 Awards (ndlr : 67 Gold Awards, 58 Platinium Awards + 15 autres Awards), qui lui valent l’organisation d’une cérémonie, le 7 février 1984, au Musée d’Histoire Naturelle de New York, avec la présence du président de CBS, le fondateur du Guinness des Records et 1500 autres invités.
Avec Thriller, Michael Jackson ouvre la porte au court-métrage musical, une dimension plurielle de la chanson qui n’est plus juste quelque chose qu’on écoute, mais quelque chose que l’on voit, quelque chose, que l’on danse, quelque chose que l’on filme.
Je crois que c’est vraiment là, y compris en termes de chiffres de ventes et de visibilité internationale, que la différence se fait.
C’est à ce moment-là que l’on peut le qualifier d’artiste multimédia avant l’heure, car il a vraiment su exploiter tous les domaines de visibilité, y compris, la publicité puisqu’il a été utilisé en publicité avant même que cela devienne quelque chose d’assez courant ces 15 dernières années, surtout pour un artiste afro-américain. Michael Jackson était déjà à la préfiguration de tout ça : il était vraiment un label, un nom, une marque.
Propos recueillis par Sarah Hamdi
meltingbook MJBackstage
Sarah Hamdi : Dans votre thèse, vous vous appuyez sur une citation de Michel Houellebecq : « Il n’était plus ni noir ni blanc, ni jeune ni vieux ; il n’était même plus, dans un sens ni homme ni femme. Personne ne pouvait véritablement imaginer sa vie intime ; ayant compris les catégories de l’humanité ordinaire, il s’était ingénié à les dépasser. Voici pourquoi il pouvait être tenu pour une star, et même pour la plus grande star – et en réalité, la première – de l’histoire du monde. » Qu’entendez-vous quand vous parlez de transversalité raciale chez Michael Jackson ?
Isabelle Stegner-Petitjean : Avant même que ses aspects physique et physionomique ne changent – je pense au milieu des années 70 alors qu’il était encore avec cette coupe afro et cette apparence tout à fait afro-américaine- Michael Jackson parlait déjà de son ras-le-bol de voir la musique catégorisée comme étant des musiques noires ou des musiques blanches.
Michael Jackson disait déjà à cette époque : “moi je veux faire une musique avec un grand M et que les gens disent c’est Michael Jackson, c’est sa musique, je l’aime, point.”
D’un point de vue culturel américain, et donc de ce point de vue culturel très racialisé aux États-Unis, on part vraiment de là : sa musique est hybride, elle pioche dans des étiquettes qui sont vouées à des couleurs là-bas.
Ses aléas de santé et ses choix médicaux ont fait que son apparence a suivi et a complété cette idéologie qu’il véhiculait par sa musique, d’une manière encore plus évidente, et peut-être même, plus facile à saisir que l’analyse de ses chansons.
Donc, il a été parfois rejeté par les membres de sa communauté comme étant un traître parce qu’on ne comprenait pas son changement d’apparence.
Pour beaucoup d’Afro-Américains et pour l’industrie du disque : “un Noir qui vend de la pop music aux Blancs n’est plus un Noir”.
Il y a des positions comme ça qui sont très tranchées et finalement sans vouloir lui-même se classifier comme blanc, il a quelque part parfois été exclu et mis de côté par sa propre communauté.
Le fait justement de s’identifier à cette pop music et d’obtenir du succès dans ce courant dominant, qui est à dominante blanche, fait de lui un artiste associé à une étiquette blanche.
Donc, on se retrouve à la conjonction d’un tas de choses : l’ambition stylistique, l’apparence de l’être humain et finalement un idéal qu’il portait.
C’est un enfant des droits civiques. Il a grandi à l’époque où a été tué Martin Luther King, il a vécu dans le fond de sa banlieue de Gary, avec ses histoires et ses problèmes sociaux et a toujours eu envie d’une intégration, d’une égalité.
Il n’a jamais eu envie d’avoir une position nationaliste, de revanche, par rapport au Blanc, ni de rester non plus en dessous, il avait vraiment envie d’un partage équitable.
Pour tout cela, on peut imaginer une sorte de transversalité raciale pluri-formelle parce qu’il est passé malgré tout d’une identité noire au départ, d’une pop noire à Motown, à quelque chose de beaucoup plus hybride et international.
C’est là que le transfert s’opère mais je dirais que son ambition n’était pas d’opérer une transversalité. Selon moi, c’est un être qui est neutre, c’est une forme de neutralité.
Il propose vraiment une figure, une identité kaléidoscopique, dont chaque pan fait vraiment partie de sa personnalité. Mais, qu’à l’inverse de la majorité d’entre nous et de la plupart des artistes qui se collent un type d’étiquette, Michael Jackson accepte cette pluralité d’identité et la montre.
Cela permet de fédérer un public extrêmement différent et cela dérange aussi parce qu’on aime bien que les gens choisissent un camp. Mais, Michael Jackson ne choisit pas de camp, il propose simplement.
« Michael Jackson a voulu vraiment montrer que rien n’est impossible et que dans la vie il faut se battre et qu’il faut avoir la foi, à commencer par la foi en soi. »
S-H : Pour vous, l’héritage de Michael Jackson transcende la dimension musicale, il est même spirituel et philosophique…
I.S-P : On parle beaucoup d’héritage musical par rapport à son œuvre. Aujourd’hui, je pense que, de Michael Jackson, se dégagera dans quelques décennies un message plus philosophique, plus spirituel, parce que c’est quelqu’un qui a une vie particulière, qui s’est battu toute sa vie et qui ne s’est jamais plaint d’avoir à se battre. Ce qui a pu créer les malentendus qu’on connaît en pensant que ce sont des choix délibérés, des fantaisies.
Or, Michael Jackson a voulu vraiment montrer que rien n’est impossible et que dans la vie il faut se battre et qu’il faut avoir la foi, à commencer par la foi en soi.
Enfant, il a souffert énormément de moqueries, il a été harcelé, violenté. Pourtant, il s’en est sorti. Il a même eu encore plus de force et de volonté pour se battre.
Je pense qu’il y a beaucoup à apprendre encore de cette personne, parce que l’on méconnaît encore énormément le Michael Jackson du quotidien, celui qui travaille dans les studios avec ses musiciens.
Il dégageait vraiment un calme et un charisme que ses musiciens continuent aujourd’hui de raconter en expliquant à quel point, c’était un être singulier, apaisant et bienveillant.
On reste beaucoup sur les strass, les paillettes, les projecteurs et les lunettes aviator… Mais il y a vraiment une personnalité profonde, peut-être un peu naïve, et c’est ce qui lui a coûté tout ce que ça lui a coûté. Une personnalité profondément bonne je dirais, peut-être trop.
Je pense que cet aspect fera aussi école, car beaucoup se seraient arrêtés dans son cas, ou n’auraient peut-être jamais commencé. Il a eu cette force et forcément s’en dégagera pour beaucoup de gens, dans les années à venir, un moteur, un exemple de continuation, un peu spirituel au sens profane je dirai, un état d’esprit.
S.H : Comment Michael Jackson a t-il contribué à bouleverser l’industrie du disque aux États-Unis ?
I.S-P : Aux États-Unis, en terme d’industrie du disque, il a vraiment apporté un palier supplémentaire dans le décloisonnement coloriste, “racial” —mais c’est un terme qui aujourd’hui est parfois mis entre parenthèses, même si ce n’est pas le cas aux États-Unis- il a vraiment donné une dimension supplémentaire aux crossovers* qui avaient déjà pu être faits par des artistes avant lui. Je pense à Duke Ellington, par exemple.
L’industrie du disque aux Etats-Unis est extrêmement cloisonnée. Il y a vraiment des départements pour les musiques noires, pour les musiques blanches. Il y a des budgets qui sont très différents, des politiques de visibilité très différentes également.
Et Michael Jackson, par l’intérêt qu’il a su susciter, et toutes les propositions qu’il a su générer, n’a pas pu faire autrement que d’être accepté. Il a non seulement fait des crossovers qui consistaient à vendre très bien au public noir, ensuite au public blanc. Mais aussi parfois, il vendait directement au public blanc, et bien plus qu’aux Noirs.
Cela a été une très grande avancée pour ses successeurs. Il a vraiment collé à l’étiquette de la pop music, pluristylistique très fluide, très changeante, parce qu’il a su tout au long de sa carrière évoluer dans ses choix d’étiquettes, dans ses combinaisons musicales, pour aboutir à une musique qui n’ait plus vraiment de cloisonnements et de couleurs. Une musique que l’on ne puisse plus classer comme appartenant à un type totalement noir ou totalement blanc.
Contrairement à Motown qui avait vraiment voulu dans sa jeunesse une pop noire à destination du public blanc, Michael Jackson est allé vers une hybridité totale.
S.H : Michael Jackson semble être un artiste du décloisonnement. Il a réussi à parler à des publics très hétérogènes en dépassant la dichotomie musique noire/ musique blanche. Selon vous, quels atouts lui ont permis de fédérer mondialement ?
I.S-P : La richesse de sa musique, l’efficacité de sa musique, quelque chose qui accroche l’oreille, tout de suite. Michael Jackson propose un menu varié, dans un même album de Michael Jackson on ne retrouve pas toujours les mêmes étiquettes : on a vraiment des mondes différents.
L’artiste a également su attirer par la vidéo. Il a dépassé la dimension de support commercial de la vidéo. A l’époque où il a sorti Billie Jean ou Beat it, au début de MTV, la vidéo ne servaient vraiment que de support promotionnel.
Michael Jackson a fait le contraire puisque une vidéo comme celle de Thriller est sortie alors que l’album était déjà en tête des ventes et des vidéos avaient déjà été diffusées. Il a sorti le clip, dans ce qu’il appelle lui un court-métrage, comme une œuvre d’art, comme quelque chose de pensé, avec un scénario et des moyens cinématographiques.
On est sorti de ces clichés de publicité aussi. C’était un moyen d’attirer le public, de proposer des musiques qui puissent être passées en boîte de nuit et faire danser, et qui plaisent aux jeunes puisqu’elles ont un côté extrêmement énergique.
S-H: Il a innové sans renier son “patrimoine” musical pour autant…
La musique de Michael Jackson est toujours fraîche et d’actualité, et en même temps, elle ne tourne pas le dos à la tradition malgré tout.
Michael Jackson combine l’hétérogénéité de la pop internationale. Ce qui fait que l’on va se retrouver sur un même album avec des morceaux très rock, voire du heavy metal, des sons très africanisants, et tout à coup un rap, et sur le morceau suivant un extrait de Beethoven. Et en même temps, on retrouve son apparence extrêmement changeante et inclassable.
S-H: Au delà de l’artiste, c’est l’homme qui a fasciné, et qui fascine encore…
I.S-P : Sa personnalité entre en ligne de compte. C’est quelqu’un qui a pu être senti comme bienveillant. C’était un jeune homme pétillant. Son changement d’apparence aussi a montré que, dans la vie, rien n’est figé, rien n’est bloqué, que l’on peut constamment se renouveler, pour peu qu’on le veuille.
Et ça, je pense que c’est extrêmement moteur pour les gens, pour le public, qui a besoin de sortir du quotidien, besoin d’espoir et d’espérance.
Michael Jackson a incarné une figure sociale pour ne pas dire mythologique — parce que c’est ce qui a fini par arriver quand même- il est devenu une sorte de super-héros pour les enfants, de gendre idéal.
Au-delà de la musique, sa personnalité et tous ces éléments ont fait que les gens ont pu se retrouver en lui. Il y avait toujours un challenge, un suspense. À chaque fois qu’il allait proposer quelque chose, le public savait qu’il irait encore plus loin.
« Michael Jackson n’impose pas une école particulière : il a une forme d’ouverture d’esprit vers toutes les cultures »
S.H. : Peut-on parler de Michael Jackson comme d’un “artiste engagé”?
I.S-P : Oui, c’est un artiste engagé, mais qui n’a pas été décrit comme engagé et qui ne s’est pas décrit comme engagé. Il n’avait pas envie d’être devant les caméras et de faire des œuvres tout en étant filmé et médiatisé.
Il a fait extrêmement de choses pour les enfants dans les orphelinats, les hôpitaux, les œuvres caritatives. Il avait fondé, à un certain moment, une association.
Partout où il se déplaçait dans ses tournées il allait visiter les hôpitaux, apporter des médicaments, des jouets, etc. Il n’alertait pas la presse et par sa philosophie à lui, il ne s’en vantait pas.
Cela est un peu passé à la trappe… On a gardé le caisson à oxygène lors de l’inauguration du centre des grands brûlés. Il y a eu beaucoup de jeux de fait là-dessus, mais on ne garde qu’un côté de l’histoire et on oublie de dire ce qu’il faisait dans ce caisson et pourquoi.
Michael Jackson donnait l’intégralité de ses cachets, donc, 6 millions de dollars, à chacune de ses tournées. Il les reversait en intégralité (mais vraiment en intégralité) aux œuvres et il ne touchait pas un centime là-dessus : il ne l’a jamais médiatisé, personne n’en n’a jamais parlé.
C’est vrai que c’est un engagé avant l’heure mais un engagé de bonne foi. Il était très biblique par sa formation de Jéhovah et c’est quelqu’un qui était toujours très collé aux écritures en se référant parfois à des passages de la Bible.
S.H. : Michael Jackson se définissait comme “apolitique”. Était-ce vraiment le cas…
I.S-P : Michael Jackson se décrivait comme apolitique, mais je dirais qu’il est tout de même politique, malgré lui, parce que toute sa musique est politique, ses intentions musicales et stylistiques aussi. C’est même plus fort qu’un discours. S’il a fait très peu discours dans sa vie, il a été bien plus en profondeur que cela.
Il a été proche de ses voisins, des gens qu’il croisait dans la rue, comme dans des pays lointains, une aide pour le pauvre, les enfants d’Afrique ou d’ailleurs.
Aujourd’hui, les chiffres sont là pour en témoigner, mais il n’y avait pas de démarches commerciales ou de communication derrière cela.
S.H : L’exposition On the Wall qui lui est consacrée au Grand Palais pointe son apport dans l’art contemporain. En quoi Michael Jackson a t-il inspiré ce monde?
I. S-P : Concernant l’art contemporain, je pense qu’il a inspiré puisque Michael Jackson laisse la porte ouverte à absolument toutes les possibilités d’interprétation, de dépassement et finalement est très inspirant dans tout type d’esthétique.
Michael Jackson n’impose pas une école particulière : il a une forme d’ouverture d’esprit vers toutes les cultures par sa propre imprégnation culturelle, mais également par ce qu’il a proposé en terme d’image artistique.
Michael Jackson peut intéresser de toute part étant donné que lui-même a été très loin dans son art. Il ne peut que donner envie aux artistes dans tous les domaines et y compris picturaux, de s’appuyer sur lui pour aller encore plus loin.
S.H : On parle de Michael Jackson comme d’une star populaire. À quel moment s’opère la bascule entre star populaire et star universelle ?
I. S-P : Star populaire, on est vraiment sur l’enfant star. Puis, on continue de parler de “star populaire”, mais qui n’est plus enfant, avec ses frères The Jackson 5, dès qu’ils quittent Motown.
Et, la méga star internationale, c’est vraiment à partir de Thriller, avec ses 140 Awards (ndlr : 67 Gold Awards, 58 Platinium Awards + 15 autres Awards), qui lui valent l’organisation d’une cérémonie, le 7 février 1984, au Musée d’Histoire Naturelle de New York, avec la présence du président de CBS, le fondateur du Guinness des Records et 1500 autres invités.
Avec Thriller, Michael Jackson ouvre la porte au court-métrage musical, une dimension plurielle de la chanson qui n’est plus juste quelque chose qu’on écoute, mais quelque chose que l’on voit, quelque chose, que l’on danse, quelque chose que l’on filme.
Je crois que c’est vraiment là, y compris en termes de chiffres de ventes et de visibilité internationale, que la différence se fait.
C’est à ce moment-là que l’on peut le qualifier d’artiste multimédia avant l’heure, car il a vraiment su exploiter tous les domaines de visibilité, y compris, la publicité puisqu’il a été utilisé en publicité avant même que cela devienne quelque chose d’assez courant ces 15 dernières années, surtout pour un artiste afro-américain. Michael Jackson était déjà à la préfiguration de tout ça : il était vraiment un label, un nom, une marque.
Propos recueillis par Sarah Hamdi
meltingbook MJBackstage
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