Il y a 40 ans : le triomphe absolu de Michael Jackson aux Grammy Awards 1984
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Il y a 40 ans : le triomphe absolu de Michael Jackson aux Grammy Awards 1984
Au cinéma, les Golden Globes sont aux Oscars ce que, dans l'univers de la musique, les American Music Awards sont au Grammy Awards : un avant-goût, annonciateur bien souvent d’un triomphe lorsque la première cérémonie a couronné un artiste auquel aucune distinction ou presque ne pouvait échapper. Le 16 janvier 1984, Michael Jackson rafle huit prix aux American Music Awards. Pour les Grammies, qui se tiennent le mois suivant au Shrine Auditorium de Los Angeles, il est évident que l’interprète de "Thriller", l’album le plus vendu de tous les temps, repartira les bras chargés de gramophones dorés.
Alors que se tient dans la nuit de ces dimanche à lundi la 66e cérémonie des Grammys awards, retour 40 ans en arrière, sur une soirée sans aucune autre pareille dans l’histoire de l’industrie musicale, celle au cours de laquelle Michael Jackson repartira avec huit récompenses, record jamais dépassé à ce jour.
1983 : "Michael Jackson mania"
1983 a été l’année de la "Michael Jackson mania". "Billie Jean", "Beat it", "Thriller" mais aussi "Wanna be startin' something", "Human nature" ou encore "P.Y.T" ont envahi les ondes. A la télé, les jeunes et les moins jeunes sont éblouis par les clips - pardon, les courts-métrages musicaux – du chanteur, prodige élevé à la dure par son père et écolé dès 9 ans par Berry Gordy, le patron de la Tamla Motown, la maison de disques afro-américaine qui a propulsé Stevie Wonder, Diana Ross ou encore Marvin Gaye.
En 1983, Michael Jackson est partout : à la télé, à la radio, sur des boîtes de chewing-gum, dans des spots publicitaires pour Pepsi-Cola… Son style, de ses vestes en cuir à sa coupe gominée, et ses pas de danse dont le célèbre moonwalk sont copiés. Mais au-delà d’un concept marketing, les professionnels de l’industrie musicale ne peuvent nier les capacités vocales, d’auteur, de producteur, de "performer" de Jackson. Un artiste complet comme rarement vu capable de s’entourer des meilleurs pour offrir le meilleur.
Quincy Jones, qui vient du jazz et des musiques de films, produira l’album "Thriller" sorti en décembre 1982. "Il faut que chacune des chansons de cet album devienne un hit. Pas question de n’avoir que deux chansons fortes et le reste est du remplissage." C’est le credo de Michael qui veut marquer son époque et les suivantes.
Car il l’a en travers de la gorge, la cérémonie des Grammy awards de 1980. Lui qui a tant voire tout donné en réalisant l’album "Off the wall", son précédent 33 tours sorti en 1979. Malgré des hits comme "Don’t stop till you get enough", "Rock with you", "She’s out of my life", la présence de Paul McCartney (qui reviendra sur "Thriller") et des collaborations avec Stevie Wonder et déjà Quincy Jones, il ne repart qu'avec un timide trophée, celui de la meilleure performance vocale R&B. Dans son esprit, c'est du mépris pour le artistes noirs.
S’il doit revenir aux Grammies, ce sera pour laisser des miettes à ses collègues, aussi talentueux et talentueuses sont ils et elles. "Thriller" doit le consacrer. Après une année 1983 où il a vu tout lui réussir, place à la reconnaissance de ses pairs, car ce sont les professionnels du milieu qui votent.
L’un des plus grands artistes du 20e siècle
Le 26 février 1984, Michael Jackson, lunettes noires, veste militaire aux mille sequins bleu et doré, arrive au bras de l’actrice Brooke Shields et est accompagné de l’enfant-acteur Emmanuel Lewis. Le syndrome de Peter Pan, déjà pour cette star scrutée et renfermée. Quincy Jones est présent à ses côtés ainsi que toute la famille Jackson, de la mère Katherine à la sœur Janet, pas encore une vedette. Le clan au complet ne fera pas le déplacement pour rien.
A peine le générique lancé et la prestation de Donna Summer expédiée, le chanteur country John Denver, présentateur de cette 26e édition, lance une première allusion. "Les mots les plus importants de l’année écoulée étaient Vidéo, Boy George et Michael… Jackson." Tonnerre d’applaudissements. Le réalisateur zoome sur la réaction du concerné un peu surpris et en train de changer de siège.
Premier prix : meilleure chanson de l’année. Michael Jackson, nommé 12 fois ce soir, ne l’obtient pas malgré sa prouesse sur "Beat it" laissant filer le prix à Sting et son "Every breath you take". Place au prix pour la Meilleure performance vocale masculine Rock avec "Beat it" qui l’emporte, prix remis avant le direct télévisé.
Pour remettre le prix du producteur de l’année, c’est le groupe Toto qui s’y colle. Hasard ? Ses membres ont collaboré à la réalisation de "Thriller" et ont notamment fourni la démo de celle balade intemporelle, un diamant pur, "Human nature". Les noms de Michael Jackson et Quincy Jones sont cités : ils montent pour la première fois sur scène. Les deux hommes sourient, s’enlacent et remercient Paul McCartney, Eddie Van Halen qui signe le riff de guitare rock sur "Beat it", le groupe Toto…
"Je veux remercier Michael Jackson qui est pour moi l’un des plus grands artistes du 20e siècle, je le pense du fond de mon cœur", déclare Quincy Jones. "Je ne vais pas prendre trop de temps mais juste dire merci et je vous aime tous", enchaîne Michael Jackson qui quitte le pupitre avant de revenir reprendre le Grammy qu’il a oublié.
51 millions de téléspectateurs
A ce moment-là, la cérémonie a déjà atteint un pic d’audience avec 51 millions de téléspectateurs. Eurythmics, Bonnie Tyler ou encore Chuck Berry sont venus chanter en direct à la télévision mais les Américains ont allumé leur poste pour Jackson. L’album de l’année : "Thriller". Disque de l’année ? "Beat it". Meilleure performance R&B? "Billie Jean". Meilleure chanson R&B ? "Billie Jean". Meilleure performance vocale pop masculine ? "Thriller". L’album "Thriller" repart déjà avec sept récompenses. Le huitième prix engrangé par Michael Jackson consacre sa prestation dans le livre pour enfants tiré du film "ET" de Steven Spielberg. Le record.
Face au public en liesse de l’auditorium, lorsqu’il vient récupérer son septième trophée, Jackson jubile. Il écarte les bras, respirant à pleins poumons la standing ovation. Une revanche, doit-il se dire. "Quand quelque chose comme ça arrive, tu veux que les personnes qui te sont chères partagent ce moment avec toi", dit-il avant d'appeler ses trois sœurs, Latoya, Janet et Rebbie sur scène. "J’avais fait un pari que si je gagnais un septième prix, ce qui constituerait déjà un record, je retirerais mes lunettes", glisse-t-il, penché sur le micro, faussement timide. "Je ne veux pas les enlever. Katharine Hepburn, qui est une très chère amie à moi m’a dit de le faire. Je le fais pour elle… Et les filles au balcon."
En coulisses, lorsque le présentateur rend l'antenne, toute la presse veut la photo qui fera la une du lendemain : Michael Jackson, salué au passage par son idole James Brown, portant ses huit gramophones. Le cliché est historique, iconique.
1988 : le désamour et la rage
Pourtant, l’histoire d’amour entre les Grammy Awards et Michael Jackson s’arrêtera ce soir de février 1984. Malgré des albums qui ont marqué les années 80 et 90 comme "Bad", "Dangerous" et "History", le chanteur ne parviendra jamais à rééditer l’exploit.
En 1988, lorsqu’il vient défendre "Bad", sorti en 1987 et successeur tant attendu de "Thriller", l’académie le boude royalement. Nommé à plusieurs reprises, il repart bredouille. Son ingénieur du son, Bruce Swedien, aura certes droit à un reste de palmarès. Mais que l’affront est dur à avaler lorsque le meilleur album de l’année reviendra à "The Joshua Tree" de U2. Les plans montrant un Jackson totalement défait et en souffrance font encore parler aujourd’hui. Parce qu’ils contrastent avec la puissance de son interprétation en live, programmée et impossible à annuler, de "The way you make me feel" et surtout "Man in the mirror" accompagné d’un groupe de gospel possédé. Nous sommes au cœur d'une église, pas du tout dans un show télévisé.
Chemise bleue, pantalon noir, chaussettes blanches, Michael Jackson livre une prestation de 10 minutes (!) débordant de soul et de rage parmi les plus emblématiques de toute l’histoire des Grammies. Tournant plusieurs fois sur lui-même avant de se prosterner, il se blessera même aux genoux. Dans la salle, personne n’est dupe. C’est lui le gagnant de la soirée. Prince, Cindy Lauper, Little Richards, Billy Joel, qui apparaissent à l’écran, l’ont bien compris. Cruelle soirée qui aura malgré tout accouché d'un moment suspendu, quatre ans après le triomphe de "Thriller".
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Eddith- Bloody
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